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Kosovo - Émeutes à Mitrovica : L'engrenage
Lundi 17 mars, dans la ville de Mitrovica dans le nord du Kosovo, des affrontements se sont produits entre des manifestants serbes et les troupes de l'Otan (la Kfor) et celles de la Mission de l'ONU (Minuk). On compte plus de 150 blessés, parmi les manifestants serbes mais aussi parmi les militaires ; un policier ukrainien de la police de l'ONU serait mort des suites de ses blessures.
C'est dans la zone la plus proche de la Serbie que vivent 40 000 des 120 000 Serbes du Kosovo, La ville de Mitrovica est elle-même coupée en deux : au nord de la ville, on trouve des Serbes, au sud, des albanophones ; le pont sur l'Ibar, censé relier les deux moitiés de la ville, est en fait une frontière. Depuis la proclamation de l'indépendance du Kosovo, le 17 février dernier, la tension est permanente dans la partie nord.
Vendredi 14 mars, des manifestants serbes ont occupé deux tribunaux de l'ONU, réclamant que ces organismes qui gèrent les affaires courantes dans la partie serbe soient placés sous la direction de la Serbie et non du gouvernement kosovar. L'arrivée des troupes de l'ONU et de l'OTAN a déclenché de véritables émeutes : aux grenades lacrymogènes et bombes paralysantes, ont répondu des bombes artisanales et des tirs d'armes automatiques, des véhicules de la Kfor et de la Minuk ont été incendiés, la population a libéré des manifestants serbes qui avaient été arrêtés. Finalement, la Kfor est restée mais l'ONU a donné l'ordre à sa police de se retirer.
Le gouvernement serbe a parlé d'une véritable provocation de la part des troupes internationales qui ont usé " d'une force disproportionnée " et a annoncé ses consultations avec la Russie " pour arrêter toute forme de violence contre les Serbes ". Le Premier ministre kosovar accuse le gouvernement serbe d'inciter à la violence. Les États-Unis et l'Union européenne appellent au calme.
Mais les grandes puissances sont bien incapables de proposer une quelconque solution. Elles ont elles-mêmes contribué au dépeçage de la Yougoslavie, enclenchant un processus d'affrontements et de divisions ethniques sans fin. Après quoi, toute leur politique a consisté depuis dix ans à envoyer des troupes " de maintien de la paix ", avec le succès qu'on sait : l'ONU d'abord à partir de 1999, puis un renfort de l'OTAN, après des affrontements sanglants entre Serbes et Albanais qui firent vingt morts à Mitrovica, il y a quatre ans, jour pour jour.
Maintenant, après la déclaration d'indépendance du Kosovo, l'Europe parle d'envoyer l'Eulex, une force européenne chargée de veiller sur la zone serbe et dont on imagine facilement quel accueil elle recevra.
L'engrenage des conflits nationaux et micro-nationaux continue à tourner en ex-Yougoslavie, et ce ne sont pas les envois successifs de troupes qui pourront l'arrêter.