Depuis samedi 10 mai, des marins pêcheurs bloquent le port des Sables d'Olonne pour protester contre l'augmentation continue du prix du fioul.

Déjà au mois de mars, plusieurs dizaines de bateaux de pêche de Lorient avaient bloqué pendant trois jours le port de plaisance de la Trinité-sur-Mer. Les bateaux étaient pavoisés de banderoles comme " Sarko, tiens tes promesses " et " 30 centimes le litre de gazole, sinon c'est la crise et la faillite ". Maintenant aux Sables d'Olonne, les banderoles disent " Sarkozy assassin de la pêche ".

En novembre 2007 les pêcheurs s'étaient déjà mobilisés pour obtenir une compensation à la hausse vertigineuse du prix du carburant. Sarkozy s'était alors déplacé lui-même et, après s'être fait fraîchement recevoir, n'avait pas été avare de promesses, inventées sur place et lancées au vent. Charge était laissée à son ministre Barnier de les mettre en conformité avec la loi, de les financer et de les faire appliquer, ou de faire patienter encore un peu les pêcheurs en faillite.

L'exonération de cotisations sociales offerte aux pêcheurs par Sarkozy, aux frais des caisses de Sécurité sociale, a pris fin en mars. Les primes à la casse des bateaux anciens, qui sont en cours d'attribution, peuvent éventuellement résoudre le problème de patrons pêcheurs souhaitant se retirer. Mais que vont faire les équipages ainsi débarqués, et sur quels navires pourront bien s'embarquer les jeunes ?

Le prix du carburant continuant d'augmenter et les mesures du plan Sarkozy s'avérant creuses, le ministre de la Pêche avait débloqué, le 29 février, 12 millions d'euros d'aides d'urgence et étendu leur attribution aux navires les plus petits. Ainsi un bateau de moins de neuf mètres a eu droit à une avance de 1 000 euros... ce qui paye à peine la consommation de quelques jours de pêche, avec un gazole à 70 centimes le litre, prix payé actuellement par les pêcheurs. Le ministre avait aussi renouvelé ses promesses de 300 millions d'aides en trois ans. Mais ce ne sont pas les promesses qui font tourner les hélices.

Par leur mouvement, les marins de Lorient avaient obtenu des garanties spécifiques, en particulier l'attribution de leurs aides en fonction de la consommation des bateaux et pas seulement de leur taille. Cela a été étendu à tous les bateaux, mais c'est bien loin d'être suffisant comme le montre aujourd'hui le mouvement des pêcheurs de Vendée. Tant que les compagnies pétrolières seront hors de tout contrôle, tant que l'État taxera sans limite les produits pétroliers, tant que la grande distribution fixera souverainement ses marges, le prix du carburant étranglera les marins pêcheurs... et le prix du poisson les consommateurs.