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- Lutte ouvrière n°2083
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Leur société
Clermont-Ferrand : La chasse aux sans-papiers continue.
Ces dernières semaines, le zèle anti-immigrés des services de la préfecture de Clermont-Ferrand et de la police a eu pour résultat de multiplier les arrestations et les procédures d'expulsion.
Concernant un groupe de travailleurs immigrés clandestins, travaillant au noir sur des chantiers, l'affaire a été si rapidement expédiée que ni les syndicats ni les associations de défense des immigrés n'ont pu intervenir, faute d'avoir su à temps ce qui se passait. Il y a eu des arrestations, avec mise en rétention, et les travailleurs sont peut-être déjà expulsés.
Il y a aussi le cas d'une famille arménienne, qui a fui la guerre civile il y a près de vingt ans, en allant en Russie. Ayant fui à nouveau, ses membres ont tenté leur chance en venant en France, où ils sont arrivés il y a trois ans et où sont nés deux enfants, dont l'un est scolarisé en maternelle. Leur demande d'asile a été rejetée et ils sont en situation d'OQTF (obligation de quitter le territoire français). Soutenus par diverses associations - le Réseau d'aide aux étrangers, la Ligue des Droits de l'Homme, Amnesty International - ils ont déposé un recours au tribunal administratif de Clermont-Ferrand, mais il y a peu d'espoir d'une décision favorable, le commissaire du gouvernement ayant exigé la confirmation de l'expulsion.
Par contre, la situation d'un étudiant marocain, qui semblait très compromise, a évolué dans un sens un peu plus favorable. Arrêté chez lui par la police, en pleine période des examens, il a été conduit aussitôt au centre de rétention de Lyon et a bien failli se retrouver dans un avion à destination du Maroc.
Cette fois, la nouvelle a été connue très vite et les réactions se sont multipliées : réunions, tracts, pétition largement signée - près de deux mille signatures en quelques jours. Chaque soir, une manifestation a eu lieu devant la préfecture. Des élus sont intervenus : au Conseil régional par exemple, une motion d'urgence a été adressée au préfet. Des professeurs de l'université ont plaidé en faveur de l'étudiant, pour qu'il puisse au moins passer ses examens.
Le préfet a cédé sur ce point en le faisant relâcher. Mais l'étudiant a dû, par ses propres moyens, de nuit, regagner Clermont-Ferrand à partir de Lyon, à près de 200 km, pour être présent le lendemain aux épreuves de son examen. Il en a manqué une partie, étant à ce moment-là retenu par les policiers, et ne pourra donc pas être reçu à cette session.
Les soutiens ont donc redoublé pour exiger du préfet qu'il accorde au moins un délai jusqu'en septembre pour passer la session de rattrapage.
Après bien des tergiversations, harcelé par des appels téléphoniques, le préfet a cédé et accordé ce délai, mais avec la menace d'expulser l'étudiant s'il ne réussit pas... tout en lui écrivant qu'il pourrait tout de même revenir travailler en France, dans certains secteurs manquant de main-d'oeuvre !
Tel est le cynisme du préfet - un très proche du ministre Hortefeux, lequel est élu régional et européen en Auvergne.