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- Lutte ouvrière n°2088
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Alcatel-Lucent : Des milliers de suppressions d'emplois... et deux retraites dorées
Serge Tchuruk et Patricia Russo, les deux principaux dirigeants d'Alcatel-Lucent ont annoncé le 29 juillet leur démission.
Alcatel-Lucent, entreprise de télécommunications, est née en 2006 de la fusion de l'entreprise française Alcatel et de l'entreprise américaine Lucent. La fusion s'est d'emblée traduite par la mise en place de plans de suppressions d'emplois, qui accompagnent presque toujours ce genre d'opération. 9 000 postes ont alors été supprimés, soit 10 % des effectifs du nouveau groupe, sans que les résultats financiers soient jugés suffisants. D'autres suppressions de postes ont ultérieurement eu lieu fin 2006, puis en 2007, faisant passer le nombre total des emplois supprimés à 16 500. À la fin de l'année 2009, qui devrait voir se terminer les plans dits sociaux, les effectifs ne dépasseront pas 62 000 salariés.
Ce n'est évidemment pas par remords de toutes ces suppressions de postes et licenciements que Tchuruk et Russo ont démissionné, mais parce que les actionnaires veulent plus de résultats immédiats, ceux de la nouvelle entreprise n'ayant pas été à la hauteur de leurs espérances. Mais si Tchuruk et Russo doivent laisser la place, ils n'auront pas à vivre les angoisses de tous ceux à qui ils ont supprimé les emplois. Pas de souci à se faire pour eux. Déjà, lorsque Tchuruk laissa sa place de PDG à Russo pour ne plus siéger qu'au Conseil d'administration, il aurait touché 8,2 millions d'euros selon une déclaration comptable remise au gendarme de la Bourse américaine. Et depuis, il ne vivrait qu'avec ce que lui rapportent les jetons de présence au Conseil d'administration... soit 100 000 euros par mois !
Quant à Patricia Russo, la directrice générale d'Alcatel-Lucent, elle devrait recevoir une indemnité de l'ordre de six millions d'euros si elle part comme prévu avant la fin de l'année. Cela correspond au maintien de sa rémunération fixe et variable pendant deux ans, ainsi que divers avantages sociaux, concernant entre autres sa retraite, sans oublier le maintien d'avantages en nature.
Le marché a donc salué le départ prévu de Tchuruk et Russo. Le prix de l'action a même quelque peu grimpé. Mais avec ou sans ce duo, ce sera toujours la même politique qui sera mise en oeuvre, une politique qui vise aux profits rapides, quitte à réduire les investissements productifs à long terme en privilégiant les rachats de sociétés, les fusions ou cessions d'activités, externalisations et quitte surtout à réduire sans cesse le personnel ; le seul but étant de rendre les actionnaires confiants dans la qualité (pour eux) de leurs placements.
Alors, savoir qui demain remplacera Tchuruk et Russo n'a aucune importance. Ces gens-là n'ont d'yeux que pour les actionnaires. Vis-à-vis des travailleurs ils ne montrent que leur mépris, que ces derniers leur rendent bien d'ailleurs.