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Ukraine : Auchan sévit aussi à Kiev
Non content d'être devenu la première fortune de France, Gérard Mulliez, propriétaire (entre autres) d'Auchan, étend ses activités à l'étranger, notamment en ex-URSS. Déjà présent en Russie, notamment à Moscou avec plusieurs hypermarchés, Auchan en a ouvert un, fin mars, à Kiev, la capitale de l'Ukraine.
Selon le syndicat qui vient de se créer à Auchan Kiev, Zakhyst Pratsi (Défense du Travail, en ukrainien), un organisme indépendant des syndicats officiels inféodés au pouvoir et aux directions, les conditions de travail y sont détestables.
Dans cet hypermarché employant 500 travailleurs, les horaires sont couramment de 12 heures d'affilée, payés environ 100 gryvnas par jour (l'équivalent de 15 euros). La direction a même exigé de certains qu'ils fassent 16, et jusqu'à 20 heures de rang, avec menace de licenciement pour refus d'obéissance. Elle s'était engagée à fournir un repas à ses salariés : elle ne l'a pas fait jusqu'à l'ouverture officielle du magasin. Puis, ce fut seulement un casse-croûte.
En outre, nombre de travailleurs sont employés sans avoir été embauchés dans les formes prévues par la loi. Ils n'ont notamment ni livret de travail, ni carnet de santé. C'est illégal. Mais cela a l'avantage, pour la direction, de les priver pratiquement de tout droit en tant que salariés. Le syndicat cite le cas d'un jeune étudiant, employé comme beaucoup de façon précaire dans cet hypermarché, qui, travaillant de nuit, a eu quatre doigts tranchés par une machine à couper le fromage. On l'a licencié en lui donnant 100 gryvnas, le chef de l'équipe de nuit prétendant qu'il avait chuté sur des bouteilles !
Craignant de tomber sur un os avec des employés qui s'organiseraient pour se défendre, la direction d'Auchan a exigé du tribunal de Podil (un quartier de Kiev) qu'il lui fournisse la liste des syndiqués ayant demandé à ce que leur section syndicale soit reconnue comme représentative (et puisse ainsi avoir les quelques droits que le code du travail ukrainien reconnaît à de tels syndicats). Cela afin d'exercer des pressions sur ces syndiqués, la chef du personnel leur présentant une lettre dans laquelle ils étaient censés renoncer à demander la reconnaissance de leur syndicat.
Ces pressions ne suffisant pas, elle a licencié le secrétaire de la section syndicale deux mois après sa création, en lui reprochant de ne faire « que » 16 heures quand elle en exigeait 20 ! Elle a aussi poussé vers la porte d'autres employés qui refusaient d'abandonner le syndicat.
Maintenant, il n'est pas dit qu'Auchan s'en tire aussi facilement. D'autres ont tenté d'agir pareillement dans le grand commerce à Kiev. Ainsi chez Metro Cash and Carry (autre filiale d'un grand groupe ouest-européen) ou au marché Jitny de la ville. Mais sans parvenir finalement à démanteler les sections syndicales nouvellement créées, ni à empêcher les travailleurs concernés de se battre pour leurs droits... et de le faire savoir, notamment chez Auchan.