Financement du RSA : Une polémique indécente11/09/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/09/une2093.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Financement du RSA : Une polémique indécente

Bataille au sein de la majorité, et embarras à gauche , voilà la polémique qui est née d'une présentation totalement mensongère du financement du RSA.

L'objet de la polémique est la taxe de 1,1 % qui permettrait de récupérer le 1,5 milliard d'euros qui manquait pour boucler le financement du RSA. Mais, bien loin de " taxer le capital ", comme on nous l'a présentée, cette taxe toucherait les salariés aux revenus modestes. Elle serait appliquée sur les intérêts de tous les produits d'épargne, à l'exception du livret A. Les titulaires du livret B, ou d'une assurance vie (12 millions de souscripteurs pour ces dernières) sont la cible principale. Il y a là-dedans des millions de salariés et retraités qui ont d'autant plus besoin de leurs économies que les retraites fondent à vue d'oeil. Quant à la taxation sur les revenus des actions, elle ne toucherait pas les plus hauts revenus qui, comme le gouvernement l'a confirmé, seront protégés par le bouclier fiscal qui les exempte de tout impôt, y compris cette taxe, s'ils ont déjà payé 50 % d'impôt sur le reste de leurs revenus.

Il est déjà injuste de taxer les salariés et retraités, mais il est tout aussi scandaleux de faire payer le RSA par les plus démunis. Car pour l'essentiel il sera financé par ce qu'on appelle pudiquement " le rédéploiement des revenus d'accompagnement ". Autrement dit son financement sera assuré en partie par la suppression d'un certain nombre d'autres allocations.

Ainsi le RSA sera considéré " comme un acompte sur la prime pour l'emploi ", c'est-à-dire que ceux qui en bénéficient ne toucheront plus, tout ou partie de cette prime. Ceux qui possèdent une maison, aussi modeste soit-elle, pourront être éliminés du bénéfice des minimas sociaux. Car celle-ci entrera dans le calcul de la nouvelle notion introduite, celle du train de vie. La prise en charge du loyer ou l'exemption de taxe d'habitation et de redevance télévision ne seront plus attribuées automatiquement comme auparavant. De même les aides au logement, l'APL entre autres, seront incluses dans le calcul du revenu de base, ce qui reviendra à diminuer d'autant ce que touchera l'allocataire du RSA, voire ceux des titulaires d'autres minimas sociaux. Ce sont des milliards que le gouvernement compte ainsi récupérer sur les plus démunis.

Le RSA, ainsi projeté, ne sera en aucune façon une arme contre le chômage, mais il sera donc aussi l'occasion de s'en prendre encore une fois à ceux qui ont le moins Et encore faut-il s'attendre peut-être à pire dans les semaines qui viennent, suite aux débats parlementaires. En effet le Premier ministre, Fillon, et le porte-parole officiel de Sarkozy, Guéant, ont fait savoir qu'ils étaient prêts à examiner tous les amendements de la part des députés de leur majorité.

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