Au nom de la libéralisation complète des services postaux prévue pour 2011, 2 000 CDD ne seraient pas renouvelés, des milliers de CDI partant en retraite ne seraient pas remplacés, l'emploi passerait de 36 000 équivalents temps plein aujourd'hui à 22 000 en 2013. Pour la distribution du courrier, la Poste envisage d'engager des « livreurs de courrier » payés 8,65 euros brut de l'heure... quelques heures par semaine !

Les facteurs s'opposent à juste titre au fait qu'une fois de plus la Poste remplace des emplois en CDI, au salaire déjà pas gros, par des pseudo-emplois précaires encore plus mal payés.

Tout cela s'ajoute à une longue série de fermetures de bureaux, de regroupements de services, de suppressions de postes. Ainsi, l'emploi intérimaire a augmenté de 116 % à la Poste, devenue le plus grand usager de travail intérimaire de Belgique.

Ce qui a fait déborder le vase est le retrait de l'actionnaire privé danois, qui a levé un coin du voile sur les montants des profits et les profiteurs. En effet, en 2006, la Poste belge a été privatisée à 50 %, 25 % pour la Poste danoise et 25 % pour CVC Capital Partners, un « fonds d'investissement » mondial. CVC rachète aujourd'hui les parts de la Poste danoise - dont CVC détient 22 % - pour un prix 148 % supérieur à celui de 2006 ! En vendant ses parts, la Poste danoise réalise un profit de 223 millions d'euros, auxquels s'ajoutent 30 millions d'euros de dividendes sur trois ans. Et les actionnaires de CVC comptent bien faire des profits encore plus élevés.

Voilà à quoi servent la dégradation des conditions de travail, la disparition de milliers d'emplois, les fermetures de bureaux : à enrichir les actionnaires privés... qui laisseront tout tomber s'ils ne trouvent plus suffisamment de profits dans l'affaire !