Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) : Une justice expéditive18/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2120.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) : Une justice expéditive

À l'issue de la manifestation du 29 janvier qui avait rassemblé 18 000 personnes à Saint-Nazaire, des affrontements violents avaient eu lieu entre CRS et manifestants, entraînant des blessés, dont un très grave, ainsi que des inculpations de travailleurs, lycéens, chômeurs.

La sous-préfecture n'était nullement menacée, comme a tenté de le faire croire le sous-préfet, parlant de « situation de guerre civile » pour justifier la brutalité avec laquelle la police est intervenue ! Pour lui, visiblement, des milliers de travailleurs qui viennent exprimer leur ras-le-bol et réclamer de meilleurs salaires, des emplois et des retraites décentes, sont forcément des casseurs !

Dès le 2 février, quatre manifestants, salariés, chômeurs, étaient jugés en comparution immédiate et étaient condamnés à de la prison ferme sur des dossiers vides.

Le 10 mars, quatre autres manifestants étaient jugés pour participation à « rassemblement dissous », violences contre les forces de l'ordre, outrages et « atteinte à la dignité du chef de l'État » pour l'un des inculpés.

À l'issue de l'audience, les accusés étaient condamnés à de la prison avec sursis, alors que tout le monde attendait une relaxe. Les condamnations sont sans aucune mesure avec les faits : un ouvrier du port autonome, qui était poursuivi pour le seul motif d'« atteinte à la dignité du chef de l'État », prend deux mois de prison avec sursis, alors que la procureure elle-même avait renoncé à le poursuivre ! Un soudeur prend quatre mois avec sursis plus 500 euros de dédommagement pour une voiture abîmée alors qu'elle fonçait sur les manifestants. Un jeune marin et un lycéen prennent quatre mois avec sursis, quand le réquisitoire lui-même demandait un mois seulement !

D'autres travailleurs sont convoqués pour le mois de mai, arrêtés de manière arbitraire pour le seul fait d'être présents lors des premiers tirs de grenades.

À l'initiative d'un comité, le Codelib, qui s'est créé pour défendre les accusés de la manifestation du 29 janvier (mais également pour la défense d'autres inculpés dans d'autres cas de répression), une manifestation a été organisée le samedi 7 mars, regroupant plus de 600 personnes, ainsi qu'un rassemblement devant le tribunal le 10 mars, jour du procès. Il a mobilisé plusieurs centaines de manifestants, la salle étant trop petite pour accueillir tout le monde.

Le déroulement expéditif de l'audience en disait long sur le sens que prend le mot justice quand il s'applique à des manifestants réagissant aux attaques des patrons et du gouvernement.

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