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Autriche : La colère des enseignants
Il y a plus d'un mois, le gouvernement autrichien dit « rouge-noir » (nom du gouvernement de coalition social-démocrate SPÖ et chrétien-conservateur ÖVP) annonçait un nouveau budget qui nécessitait, selon le ministre conservateur de l'Économie, que « chacun fasse un effort ». Il fut rapidement clair que ce n'était pas aux milliardaires abrités par les banques autrichiennes que la demande s'adressait.
Peu après en effet, la ministre social-démocrate (SPÖ) pour l'Éducation, Claudia Schmied, annonçait à son tour un projet visant à modifier les services des 120 000 enseignants autrichiens, avec notamment une augmentation non payée de deux heures par semaine de leur temps d'enseignement. Il s'agissait selon la ministre « d'améliorer la qualité de l'enseignement », en réalité de geler pendant plusieurs années l'embauche des enseignants et, par le jeu naturel des départs en retraite, de faire baisser leur nombre.
Depuis, le mécontentement s'est exprimé lors de réunions organisées le 12 mars dernier dans tous les établissements du pays, où 95 % à 99 % des enseignants se sont prononcés pour que le syndicat appelle à la grève si la ministre ne renonce pas à son projet. À Linz, la ministre s'est fait conspuer au point de ne pas pouvoir parler lors d'une réunion publique ou s'étaient invités plus de 1 500 enseignants. Dans tous les établissements du pays, les professeurs ne cessent de dire leur colère. Une journée nationale d'action a été annoncée pour le jeudi 23 avril.
La détermination du gouvernement, qui jouait pourtant ouvertement sur les préjugés antifonctionnaires, n'a pas tardé à se lézarder. La ministre a alors présenté une nouvelle mouture de son plan, prévoyant cette fois une seule heure d'enseignement supplémentaire, mais avec la suppression de primes et de compléments de salaire. Face à ce prétendu recul qui n'en était pas un, les professeurs ont maintenu leur journée d'action.
Lundi 20 avril, la ministre a essayé une dernière manoeuvre. Après avoir fait courir le bruit que le plan était totalement modifié, elle n'a pas rejeté l'augmentation du temps de travail et confirmé la baisse des rémunérations futures. De plus, les heures de remplacements obligatoires étaient doublées. Même les responsables syndicaux, qui ont pourtant accepté le principe de « faire des économies », ont bien été obligés, sous la pression du personnel enseignant, de dire que le compte n'y était pas. Du coup, la journée nationale d'action du jeudi 23 avril promettait d'être très suivie. La détermination affichée des enseignants sonne comme un avertissement adressé à ce gouvernement décidé à faire payer la crise aux salariés.