Le Conseil d'État vient d'annuler l'élection municipale de Corbeil-Essonnes, dans la banlieue parisienne, au motif de l'achat de voix de la part du patron milliardaire Serge Dassault, maire UMP sortant. Cette annulation s'est accompagnée d'une mesure d'inéligibilité de Dassault pour un an. Il ne pourra donc pas se représenter à la prochaine élection partielle qui se déroulera dans moins de trois mois.

Cette décision fait suite à la requête du candidat communiste Bruno Piriou arrivé second lors de la dernière municipale. Dassault avait été réélu maire avec moins de 170 voix d'avance. Le Conseil d'État a également déclaré inéligible le candidat communiste à cause de prétendues erreurs dans son compte de campagne. Mais quoi de comparable entre un candidat qui oublie de payer une salle qu'il croyait gratuite et les méthodes mafieuses d'un patron milliardaire prêt à tout pour garder une municipalité qu'il considère comme sa propriété personnelle ? Rien, si ce n'est la volonté de renvoyer dos à dos les deux candidats.

Plusieurs témoins qui dénonçaient les méthodes de Dassault ont déclaré que le maire avait fait preuve d'une « grande bonté financière »... à la veille des élections. Mais ce qui ne manque pas de sel dans cette affaire, c'est que la décision du Conseil d'État s'appuie essentiellement sur une interview télévisée de Dassault où celui-ci reconnaît les faits tout en affirmant qu'il n'y a pas de mal à ça ! Et effectivement qu'y a-t-il de répréhensible aux yeux d'un patron très fortuné, à ce que son argent lui rapporte quelques avantages y compris pour se faire élire ?

C'est là sans aucun doute une vieille habitude familiale : feu son père Marcel distribuait les chèques pour restaurer le clocher des églises de village afin, en retour, de se faire élire député. Son fils fait de même. Il a beau dire qu'il est victime d'un « complot » de « juges socialistes », il semble bien cette fois-ci être devenu un peu encombrant pour ses pairs.