- Accueil
- Lutte ouvrière n°2136
- Le travail du dimanche, une nouvelle attaque contre les salariés
Editorial
Le travail du dimanche, une nouvelle attaque contre les salariés
Le travail du dimanche est revenu en discussion à l'Assemblée nationale mardi 7 juillet. Sarkozy, qui veut que soit levée l'interdiction du travail dominical, aurait illustré son projet en posant cette question dont l'intérêt n'échappera à personne : « Est-ce qu'il est normal que le dimanche, quand Madame Obama veut, avec ses filles, visiter les magasins parisiens, je doive passer un coup de téléphone pour les faire ouvrir ? » Ben voyons !
Au-delà des arguties juridiques sur les modalités d'application de la future loi, qui vont occuper ces messieurs de l'Assemblée pendant plusieurs jours, il s'agit bien d'une nouvelle attaque contre les salariés.
Oh, bien sûr, il y a déjà plusieurs millions de salariés qui travaillent le dimanche. Parmi eux, celles et ceux dont l'activité est une nécessité sociale. Il va de soi que la société ne peut pas se passer d'infirmières, de médecins, de travailleurs des transports publics, pas plus que de ceux de la production et de l'acheminement de l'électricité et du gaz, même le dimanche. Et il est techniquement impossible de stopper le fonctionnement d'un haut fourneau un jour sur sept. Encore faut-il que ce travail dominical soit compensé en salaire comme en temps de repos supplémentaire !
Autoriser le travail dominical pour faire face à une nécessité sociale est une chose. L'autoriser pour permettre à des commerçants et surtout à de grandes chaînes commerciales de faire du profit supplémentaire en est une autre.
Dans l'immédiat, il s'agit d'un cadeau à une partie de la bourgeoisie. Un de plus, qui s'ajoute à la série des cadeaux que Sarkozy distribue aux siens, aux riches, commencée avec le bouclier fiscal. Ce fameux « bouclier » dont un rapport, établi pourtant par un député de l'UMP, constate qu'il a coûté à l'État 578 millions d'euros et a profité à 19 000 ménages bourgeois. Et, parmi ces heureux privilégiés, il y en a de plus privilégiés que les autres. Ce sont les cent plus gros contribuables qui ont encaissé les plus grosses ristournes, d'un montant total de près de 200 millions !
Dans la proposition de loi visant le travail du dimanche, il y a un autre aspect, plus général, qui concerne l'ensemble des travailleurs. Si le travail dominical est banalisé, qu'est-ce qui empêchera demain les patrons, dans n'importe quel secteur de l'économie, du bâtiment à l'automobile en passant par la chimie, etc., de faire travailler le dimanche quand cela les arrange, quitte à mettre les travailleurs en chômage partiel à d'autres moments ?
Autoriser le travail dominical s'ajouterait aux différentes lois qui, comme l'annualisation du temps de travail, visent à rendre l'activité plus flexible et qui permettent aux patrons d'imposer les horaires qu'ils veulent.
Les défenseurs de ce projet de loi ont le culot d'évoquer les avantages du doublement de salaire et le volontariat. Mais le doublement de salaire le dimanche n'existe pas dans nombre de professions (personnel des hôpitaux, de l'hôtellerie ou des transports). Le projet de loi n'aborde même pas la question. Quant au volontariat, c'est une fumisterie même dans une période normale. À plus forte raison dans cette période de chômage.
Il y a bien peu de lois dans la législation sociale qui protègent les travailleurs. Même ce peu, obtenu au fil du temps et en général au fil des luttes, est en train d'être démantelé par le gouvernement. Les patrons s'assoient de plus en plus sur les lois sociales et considèrent les conventions collectives comme nulles et non avenues. Mais le gouvernement veut leur éviter même la peine de violer les lois sociales, en supprimant celles-ci purement et simplement.
Donner aux employeurs la possibilité de généraliser le travail du dimanche fait partie de l'offensive générale du patronat et de la bourgeoisie contre les salariés, contre leur salaire, contre leur retraite, contre leur emploi.
Le gouvernement se croit en position de rendre ce service au patronat, considérant que le rapport de forces lui est favorable. Mais les rapports de forces peuvent être changés par la lutte collective des travailleurs. C'est le patronat et le gouvernement qui finiront par convaincre tous les travailleurs que, si nous ne voulons pas être réduits en esclavage, nous n'avons pas d'autre choix.
Éditorial des bulletins d'entreprises du 6 juillet