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Leur société
Le monde des prisons : Malgré les discours, des conditions toujours aussi inhumaines
Le scandale des possibles meurtres et tortures à la prison de Fleury-Mérogis a été l'occasion d'évoquer à nouveau la situation horrible vécue par les détenus dans les prisons françaises.
Un ancien détenu a en effet déclaré à un juge avoir été témoin, en 2007, du meurtre d'un prisonnier par des gardiens. Il affirme avoir été ensuite lui-même victime de ces gardiens qui voulaient le faire taire, un autre prisonnier étant accusé du meurtre. Les gardiens auraient ainsi encouragé d'autres détenus à le torturer. Fleury est cette prison dont un film clandestin révélait il y a six mois des cellules surpeuplées, des douches moisies et remplies de déchets, des toilettes où l'on fait ses besoins au vu de tous. Un des médecins de la prison dénonçait en 2004 l'augmentation des agressions contre les surveillants, des suicides, des violences entre détenus.
Cette situation n'est pas l'exception mais la règle. D'après la CGT, il y a actuellement en France plus de 60 000 détenus entassés dans des prisons qui n'ont que 50 000 places ; dix-sept prisons sont bourrées à plus de 200 % de leur capacité et cinquante et une le sont à plus de 150 %. Les détenus y dorment parfois à même le sol, à proximité des rats. Des détenus dont plus de 60 % n'ont aucun diplôme et un tiers sont quasiment analphabètes ; dont 80 % présentent une pathologie psychiatrique plus ou moins grave, et dont 40 % des hommes et 60 % des femmes présentent un risque suicidaire - selon une étude de 2004.
Dans une telle misère matérielle et morale, pas étonnant que le quotidien des prisonniers soit fait d'agressions, de viols, de suicides... et aussi de la violence de certains gardiens. En effet, si l'affaire de Fleury n'est pas encore jugée, elle n'est pas la première. Par exemple, de 2004 à 2007, à Liancourt dans l'Oise, des gardiens couverts par leur hiérarchie ont fait régner, selon leurs propres termes, « la terreur et l'ordre », jusqu'à pousser délibérément un détenu au suicide trois semaines avant sa libération. Ces faits, dénoncés par des élus et confirmés par une commission gouvernementale, ont conduit à la suspension des surveillants et à la mutation de la direction de la prison. Mais pour quelques affaires rendues publiques, combien restent ignorées ?
« L'état de nos prisons est une honte pour notre République » a dit Sarkozy en juin dernier. « La situation dans beaucoup de nos prisons n'est pas digne d'un pays comme le nôtre » avait dit Guigou, ministre de la Justice, en 2000. Elle avait alors créé une commission parlementaire. Avec l'efficacité que l'on voit.