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- Lutte ouvrière n°2156
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Leur société
« Grand emprunt » : Des milliards pour les capitalistes... qui seront remboursés par la population laborieuse
On en sait plus sur ce « grand emprunt » dont le gouvernement nous rebat les oreilles depuis des semaines. Bien que Sarkozy n'ait pas officiellement tranché, ce qu'il doit faire début décembre, cet emprunt se montera à 35 milliards, couverts exclusivement par les banques.
L'idée de faire appel aux particuliers, histoire d'en faire un test pour illustrer l'adhésion des rentiers à la politique présidentielle, a été prudemment abandonnée. Prétendument trop cher, mais surtout trop risqué en tant que mesure de la popularité de Sarkozy. Les banques seront sollicitées à hauteur de 23 milliards, les milliards complémentaires proviendront des 12 milliards que les grandes banques françaises viennent de rendre à l'État par anticipation du remboursement des prêts que le gouvernement leur avait généreusement accordés il y a un an, au pire moment de la crise financière.
En principe ces milliards devraient, nous dit-on, servir à financer la recherche et l'innovation, ce qui ne précise rien sur la destination réelle de cet argent. Mais avant même de la connaître, si même c'est le cas un jour, on peut être certain qu'une bonne partie de ces milliards iront abonder d'une façon ou d'une autre, officiellement ou par des cheminements plus tortueux les profits d'un certain nombre de petites, moyennes et surtout grandes entreprises, sans qu'ils n'aient servi ni à la recherche ni à l'innovation. Apprendrons-nous dans quelques années, dans un rapport de la Cour des comptes, que ces sommes ont servi à tout autre chose que leur destination officielle, comme celle-ci le constate régulièrement, après coup, dans des cas similaires ?
Mais toute cette mise en scène autour de ce « grand emprunt » est surtout une opération de publicité du gouvernement. En effet, l'État emprunte en permanence, sans faire à chaque fois cette mise en scène. Le quotidien Le Monde notait que l'État avait prévu d'emprunter dans la plus grande discrétion 170 milliards d'euros en 2010, cinq fois plus que les 35 milliards du « grand emprunt ».
Ces milliards qui servent à l'État pour « payer ses fins de mois difficiles », il faut bien que le gouvernement les rembourse, capital et intérêts. Et qui sera sollicité pour le faire, si ce n'est comme à chaque fois la population laborieuse ? Les plus riches, ceux qui bénéficient de ces emprunts, ont leur fortune et leurs profits bien à l'abri, protégés par un solide bouclier fiscal.
Pour culpabiliser l'opinion, le gouvernement a coutume d'invoquer « la note que nos enfants devront payer si aujourd'hui on ne se montre pas suffisamment responsable ». Mais il ne manifeste pas le même souci lorsque, en empruntant sans compter pour aider les plus riches, il hypothèque à la fois le présent et l'avenir des différentes générations de la population laborieuse.