Au congrès de la CGT : Le malaise d'une partie de la base16/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2159.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Au congrès de la CGT : Le malaise d'une partie de la base

À l'issue du congrès de la CGT, son secrétaire général Bernard Thibault s'est auto-félicité de l'adoption du rapport d'activité de la direction par 77,3 % des voix, jugeant qu'il s'agissait là d'un « très bon résultat ». « Je considère que la direction confédérale a un bilan d'activité tout à fait honorable, dans un contexte où on a laissé entendre, en long, en large et en travers, qu'il y avait un gros problème de relations entre le sommet et la base », a-t-il déclaré lors d'un point de presse. Lors du congrès précédent, en 2006, le rapport d'activité avait cependant été approuvé par une plus forte majorité des délégués : 82 % des voix.

Mais discuter du résultat des votes comme s'ils représentaient véritablement les opinions de la base est un non-sens, car la désignation des délégués se fait - et ce n'est pas une nouveauté de ce congrès - avec des méthodes qui ont peu de chose à voir avec ce que devrait être le fonctionnement démocratique d'un syndicat. Comment interpréter le fait que 76 % des délégués participaient pour la première fois à un congrès de leur confédération, c'est-à-dire que seulement 24 % des délégués du congrès de 2006 étaient encore présents en 2009 ? Le congrès de 2006 lui-même avait été renouvelé à 72 %. Ce qui signifie que moins de 7 % des délégués de 2009 étaient présents en 2003. Il est bien sûr impossible de dire ce que sont devenus les 93 % de délégués de 2003 absents en 2009, combien sont décédés, combien ont abandonné l'activité, combien ont été écartés. Mais visiblement la composition de la direction confédérale est nettement plus stable que celle du congrès, puisque la moitié des membres du Comité confédéral national y avaient déjà été élus il y a trois ans.

Pourtant, ce qui était visible dans ce congrès c'est que, malgré tous les efforts du Bureau confédéral pour éliminer d'éventuels contestataires connus comme tels, parmi les jeunes délégués présents pour la première fois bon nombre n'étaient pas satisfaits de la politique de la direction confédérale, lui reprochant d'avoir été « molle » et de n'avoir pas su mettre à profit le rapport de forces né des manifestations réussies du début de l'année. Un ouvrier de Molex a reproché aux confédérations syndicales leur silence après le jugement qui a condamné des ouvriers de Continental pour avoir envahi la sous-préfecture de Compiègne.

Mais c'est sur l'attitude à avoir face à ce que le gouvernement appelle la réforme des retraites qu'est apparue la divergence la plus nette entre la direction confédérale et une partie des délégués. Plusieurs interventions demandaient pourquoi le document d'orientation préparé par la direction confédérale ne revendiquait pas un retour à une durée de cotisation de 37 ans et demi pour pouvoir bénéficier d'une retraite à taux plein. Le document confédéral évoque simplement la volonté « d'arrêter la spirale de l'allongement de la durée de cotisation ». La direction prétend que ce qui est le plus important, c'est de défendre à tout prix la retraite à 60 ans. Mais la possibilité de prendre sa retraite à 60 ans devient de plus en plus hypothétique avec l'augmentation du nombre des annuités nécessaires. Et le refus de revendiquer le retour aux 37,5 annuités revient à accepter ce qu'ont fait les différents gouvernements qui se sont attaqués aux retraites.

Mais en la matière la direction confédérale se contente de peu. Le Duigou, le spécialiste des retraites à la direction confédérale, a ainsi déclaré : « Dire que l'on n'a connu que des échecs en matière de retraites, c'est se tirer une balle dans le pied. Bien sûr qu'on a connu des reculs, mais aujourd'hui la capitalisation ne représente toujours que 5 % des retraites perçues en France, alors que certains pays en sont à 15 ou 20 %. »

Il n'est pas sûr qu'avec ce genre d'argument il ait réussi à convaincre tous les militants que déçoit l'attitude de la confédération.

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