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Leur société
L'affaire des fichiers de HSBC : Ce que cache le secret bancaire
Il aura fallu qu'un informaticien, Hervé Falciani, travaillant dans la filiale suisse de la banque anglaise HSBC, quitte son employeur en emportant des fichiers pour que la justice française ait les moyens d'enquêter sur des affaires de transferts d'argent illégaux échappant au fisc.
Les fichiers en question donneraient accès à 130 000 noms, parmi lesquels ceux de personnes et de société françaises qui ont ouvert quatre mille comptes pour des sommes correspondant à six milliards d'euros. En fait « il ne s'agit pas d'une simple liste de noms, mais d'un système complexe comportant des clés de cryptage », a précisé le procureur Éric de Montgolfier. Le nombre exact de clients de la filiale de Genève de la banque - sans même parler de leur nom - est qualifié de « secret absolu », alors que le montant total des dépôts est estimé à 180 milliards de dollars (124 milliards d'euros).
Les banques interdisent à leurs salariés de divulguer les informations qu'ils sont amenés à connaître. Et quand un ex-employé s'affranchit des règles, la banque le traite de voleur, la police genevoise l'interpelle, un procureur suisse saisit la justice française pour « soustraction de données ». Cet employé étant parti en France, des gendarmes français sont venus perquisitionner chez lui, et il faut croire que de telles informations dérangent puisque l'un des gendarmes-enquêteurs a déclaré que sa vie était en danger.
Cela n'empêche pas les dirigeants de HSBC de minimiser les choses, déclarant que ce « vol » de données, qui remonte à deux ans, concernerait « moins de dix clients ». Elle avoue cependant recevoir « des centaines de coups de fil de clients affolés ». Comme quoi le secret bancaire revêt de l'importance pour ces clients fortunés qui, ordinairement, délèguent la gestion de leurs affaires à des conseillers financiers et fiscaux, au fait des placements les plus profitables du moment, avec les transferts de fonds, légaux ou non, qu'ils impliquent.
Mais justement, interrogé à la télévision, Hervé Falciani s'est expliqué en disant qu'il avait été choqué de voir des sommes pharamineuses ainsi dissimulées sur des comptes secrets. Et son geste montre que les employés de banque, s'ils n'étaient pas contraints au secret, seraient particulièrement bien placés pour mettre au jour des transactions financières qui échappent pour le moment à tout contrôle, même si elles mettent en danger l'économie mondiale, même si elles correspondent à de l'argent sale ou à de l'évasion fiscale.
Face à la crise, le contrôle des travailleurs sur l'économie est une nécessité, et il pourrait commencer par le contrôle des employés de banque sur les transactions financières, avec l'abolition du secret commercial et bancaire.