Parfois, on se demande si les grands bourgeois ne font pas des efforts pour ressembler à leurs caricatures : lorsqu'on dit que les capitalistes dorment sur des sacs d'or, en général, c'est en principe une image. Eh bien, pas toujours !

On a ainsi appris, au détour d'un fait divers relaté par la presse, que l'un des propriétaires du groupe PSA Peugeot Citroën, Robert Peugeot, a été victime d'un cambriolage dans un de ses appartements, et s'est fait dérober 500 000 euros en pièces et en lingots d'or. Accessoirement, les monte-en-l'air ont aussi embarqué quelques montres, Rolex et Cartier. Car selon les critères du publicitaire Jacques Séguéla, Robert Peugeot n'a pas « raté sa vie » : il a - ou avait - non pas une, mais toute une collection de Rolex !

On se demande en passant pourquoi le sieur Peugeot gardait son or à domicile, dans un coffre-fort aménagé dans sa salle de bains. N'aurait-il pas confiance dans la solidité du système bancaire, voire dans celle des actions de son propre groupe ? Se gardait-il un peu d'argent de poche disponible sans être obligé de passer au guichet à billets, ou bien une petite réserve au cas où les rouges prendraient brutalement le pouvoir et l'exproprieraient de ses usines ? Ou tout simplement aime-t-il, quand il prend son bain, contempler son petit tas d'or ?

En tout cas, ce genre d'affaires nous éclaire aussi sur le mode de vie de ces grands bourgeois : outre les lingots et les Rolex, l'article du Parisien qui a révélé l'affaire décrit l'appartement de 450 m², évidemment dans le XVIe arrondissement de Paris, et le faible de Robert Peugeot pour les chasses en Afrique et les Ferrari.

Pendant ce temps, sur les chaînes de PSA, la moindre seconde de temps mort est considérée comme une catastrophe et des ouvriers de plus de 55 ans finissent de se ruiner la santé. Il faut bien qu'il y en ait qui travaillent pour payer les lingots d'or de Robert Peugeot et des autres parasites de son genre. Car ce qui a été volé n'est bien sûr qu'une goutte d'eau dans la fortune de Robert Peugeot et de sa famille, estimée cette année à quelque 1,70 milliard d'euros.