Sommet de Copenhague, marché des permis à polluer : Les États au service des capitalistes pollueurs16/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2159.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sommet de Copenhague, marché des permis à polluer : Les États au service des capitalistes pollueurs

L'un des enjeux du sommet de Copenhague est l'extension aux États-Unis et à la Chine du « marché carbone », encore appelé marché des « quotas d'émission de CO2 », des « permis d'émission de CO2 », ou, plus justement, des « permis à polluer ».

Pour l'instant, les discussions sont au point mort car les États-Unis se refusent à rentrer dans ce marché, n'acceptant toujours pas de mesure contraignante sur le plan écologique et ils pourraient être suivis par la Chine.

Ce nouveau système boursier est essentiellement cantonné à l'Europe pour le moment, concernant environ 12 000 entreprises et 45 % des émissions de CO2. Dans ce système, chaque participant, État ou entreprise, se voit attribuer une certaine quantité de quotas d'émission de CO2 par an (en tonnes de CO2), mesurant la quantité de CO2 qu'il a le droit d'émettre chaque année. S'il dépasse cette quantité, il devra acheter sur le « marché carbone » les quotas manquants ; si au contraire, il émet moins de CO2 que ce qui a été autorisé, il pourra revendre les quotas en surplus sur ce même marché, selon un cours de la tonne de CO2 fixé par le jeu de l'offre et la demande.

Soumettre à la loi du marché, et donc à la spéculation, le droit à polluer des industriels, voilà qui est bien à l'image de ce monde capitaliste où tout s'achète et tout se vend... L'intention affichée de ce marché des quotas se voulait vertueuse : ce devait être un moyen d'inciter les entreprises à investir dans des installations moins polluantes. Mais cela n'est efficace que si le cours du quota d'émission de CO2 est suffisamment élevé pour que les capitalistes jugent plus rentable d'investir pour moderniser leurs installations que d'acheter des permis à polluer.

Or, depuis 2005, date de la création de ce marché au niveau européen, le cours du quota d'émission n'a jamais vraiment décollé. Aujourd'hui, il ne dépasse pas les 15 euros pour une tonne de CO2. La raison de cet échec ? Les multiples avantages et dérogations accordés par les États à leurs industriels respectifs.

Le calcul des quotas d'émission de chaque entreprise polluante a au départ été largement surestimé, à tel point que les premières années, la plupart des industriels ont émis moins de CO2 que ce qui leur avait été accordé. Les plus grands pollueurs, comme ceux de l'industrie pétrochimique par exemple, ont même empoché des millions de bénéfices en revendant les permis à polluer ainsi économisés !

Les industriels ont ensuite bénéficié du mécanisme de développement propre (MDP) : en investissant dans un projet industriel « écologique » dans un pays du Sud, un capitaliste se voit attribuer de nouveaux quotas d'émission pour ses propres industries dans son pays d'origine, correspondant aux tonnes de gaz à effet de serre qui seront économisées dans ses nouvelles installations. Le bilan de ces projets MDP est édifiant : très peu d'entre eux concernent les pays les plus pauvres, beaucoup sont très vaguement « propres » et de toute façon, moins de la moitié ont effectivement démarré !

Ainsi le « marché carbone » n'a pas décollé et ne s'est donc pas révélé particulièrement intéressant jusqu'à présent pour les spéculateurs en quête de bons placements. Mais il n'a pas non plus permis de limiter la pollution due aux industries européennes car la priorité pour les États n'est pas la même s'il y va de l'avenir de la planète : elle est d'abord de servir au mieux les intérêts de leurs capitalistes respectifs.

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