Hôpitaux publics : L'épidémie de rentabilité met les hôpitaux en danger13/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2163.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hôpitaux publics : L'épidémie de rentabilité met les hôpitaux en danger

La Fédération hospitalière de France, qui réunit plus de mille établissements hospitaliers, vient de constater que « l'an dernier, pour la première fois depuis au moins dix ans, l'effectif permanent a reculé : 1 800 postes de moins parmi les soignants - les infirmières par exemple - et les non-soignants - emplois médico-techniques en imagerie médicale, logistique, transports, etc ».

Alors que, selon le quotidien économique Les Échos, les emplois créés au fil des dix années précédentes avaient été d'environ 100 000 dans les hôpitaux, induits sans doute en partie par la semaine de 35 heures, la tendance s'est inversée. Dans certains services de certains hôpitaux, on savait déjà que les périodes de fêtes ou de congés se traduisaient de plus en plus par des fermetures de lits ou de services, faute de remplaçants intérimaires ou contractuels. À présent, le manque de personnel est encore plus flagrant et durable.

Comme dans les autres services publics, le gouvernement poursuit un axe simple : la traque des économies de gestion et surtout de personnel. Lors de ses voeux aux personnels de santé, présentés de façon plutôt provocatrice lors d'une visite le 12 janvier au nouvel hôpital de Perpignan, Sarkozy a rappelé son objectif : que « les déficits des hôpitaux soient ramenés à zéro d'ici 2012 ». Son conseiller dit « social », Soubie, avait d'ailleurs clairement proposé, il y a deux mois, de profiter des 220 000 départs à la retraite prévisibles entre 2008 et 2015 pour « faire des actions d'optimisation », c'est-à-dire supprimer des postes, en jargon de gestionnaire.

La traduction de cette politique dans les grands centres hospitaliers « déficitaires » a de quoi inquiéter l'ensemble du personnel, et bien au-delà. À l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, le cap est mis sur les économies sur les postes administratifs ou logistiques. Ce sont aussi 1 150 postes de soignants, dont 150 de médecins, qui devraient disparaître cette année, ce qui a conduit 900 médecins chefs de service à menacer de démissionner de leurs fonctions administratives. À Marseille, Lyon, Nancy, Nice, Rennes, Toulouse, Le Havre, Caen, les « plans de retour à l'équilibre » financier doivent entraîner également des coupes dramatiques dans les effectifs.

Sarkozy présente comme une évidence le raisonnement selon lequel un « retour à l'équilibre » serait nécessaire et les « déficits » des hôpitaux une aberration à soigner au plus tôt.

C'est ce raisonnement qui est aberrant ! L'argent des impôts doit servir à financer les services publics totalement nécessaires à la population, comme le sont les hôpitaux et les centres de soins.

Rien ne détourne Sarkozy et ses ministres de leur credo, ni le rythme et les conditions de travail imposés au personnel, mis en difficulté dans sa capacité à prendre en charge au mieux les patients, sans compter le stress et les risques d'erreur entraînés par les sous-effectifs chroniques ; ni les délais d'accueil des malades ; ni même les pressantes mises en garde des travailleurs de l'hôpital public, des agents aux professeurs chefs de service.

C'est pourtant une urgence vitale pour tous, soignés et soignants, que de sauver l'hôpital public et avec lui le droit à la santé de toute la population !

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