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Algérie : La grève des travailleurs de Rouïba stoppée par l'UGTA
Les travailleurs de la SNVI (Société nationale de véhicules industriels) de Rouïba, en Algérie, ont repris le travail le dimanche 17 janvier. Les entreprises qui s'étaient également mises en grève dans la zone industrielle de cette ville, située à 30 km d'Alger, ont repris elles aussi le travail.
Les travailleurs de la SNVI s'étaient mis en grève le 3 janvier. La grève avait éclaté spontanément pour rejeter les résultats de la dernière réunion tripartite entre l'UGTA, le patronat et le gouvernement. Cette tripartite avait augmenté le smic de 12 000 à 15 000 dinars, ce qui est ridicule face aux hausses des prix. Il avait été aussi annoncé la suppression de la possibilité de prendre sa retraite au bout de 32 ans d'activité.
Le dirigeant de l'UGTA, Sidi Said, avait envoyé des émissaires de la centrale syndicale pour convaincre les grévistes de cesser leur mouvement. Ils avaient été hués et priés fermement de quitter l'assemblée des grévistes. La grève continuait et s'étendait à l'ensemble de la zone industrielle. Quelques jours plus tard, un communiqué de l'UGTA, signé de Sidi Said, énumérait toutes les mesures prises par le pouvoir pour relancer l'activité de la SNVI. Le communiqué concluait : « Toutes ces mesures de relance de l'outil de production national ne pourront que concourir à la sécurisation et à la création d'emplois ainsi qu'à l'amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs et de leurs familles. Ceci ne pourra ni ne saura se réaliser sans la mobilisation effective des bonnes volontés dans un climat serein et empreint de confiance. » Sidi Said se comportait en porte-parole du gouvernement contre les grévistes. Certains syndicalistes de base, par contre, prenaient la tête de la grève.
Cette grève qui pouvait s'étendre au-delà de la zone industrielle de Rouïba inquiétait le pouvoir. Tayeb Louh, le ministre du Travail, accusait les grévistes d'être « manipulés par des gens qui veulent que l'Algérie reste un pays importateur de véhicules ». Les grévistes se heurtaient dans la rue à un déploiement massif des forces de police. Cependant Sidi Said convoquait le 13 janvier les syndicalistes de la SNVI et de la zone industrielle au siège de la centrale, en les sommant d'accepter des négociations sur les salaires par branche et par entreprise, qui vont s'étendre sur plusieurs mois.
Sidi Said annonçait aussi que la suppression de la retraite après 32 ans d'activité serait reportée à plus tard. Il annonçait également que l'article du Code du travail qui intègre des primes dans le smic (ce qui en réalité annule l'augmentation décidée) serait abrogé. Mais tout cela n'était que promesses qui n'engageaient que lui. Il voulait avant tout que la grève cesse. Il faut noter que Sidi Said s'est félicité publiquement de l'arrêt de la grève, avant même que les grévistes aient été consultés.
Le lendemain matin, les dirigeants syndicaux de la SNVI ont pesé de tout leur poids pour stopper la grève et il semble qu'un vote ait décidé de la suspendre, malgré l'opposition d'une partie des grévistes.
Cette grève est un avertissement, car en Algérie le mécontentement est général. Les salaires sont très bas. Les prix flambent. La volonté du pouvoir de remettre en cause le système de la retraite après 32 ans d'activité ne passe pas. Les mouvements de grève se sont multipliés ces derniers mois. Les enseignants qui ont fait trois semaines de grève en novembre menacent de reprendre la lutte. Les médecins sont en grève depuis plusieurs semaines. Leur mouvement doit s'étendre aux paramédicaux.
Les travailleurs d'ArcelorMittal, à Annaba, sont aussi en grève depuis le 12 décembre. Ils s'opposent à la fermeture de la cokerie. La direction de l'usine a assigné en justice le syndicat, l'accusant de grève illégale et de ne pas respecter le service minimum. Les journaliers du port d'Alger sont toujours en lutte pour obtenir leur titularisation.
Il faut souhaiter que toutes ces luttes convergent et se généralisent pour faire reculer le pouvoir et la bourgeoisie algérienne.