- Accueil
- Lutte ouvrière n°2165
- Belgique : Fermeture programmée d'Opel à Anvers
Dans le monde
Belgique : Fermeture programmée d'Opel à Anvers
Finalement, après une année de valse hésitation sur la reprise d'Opel-Anvers par FIAT, puis par Magma, la direction de General Motors a tranché dans le vif en annonçant la fermeture complète du site d'Anvers courant 2010. Après avoir licencié 20 000 salariés aux USA, GM prévoit maintenant d'en licencier plus de 8 000 dans toute l'Europe. Avec plus de 5 000 suppressions d'emplois en Belgique - 2 600 directement par Opel et sans doute autant chez les sous-traitants - c'est toute la région d'Anvers et même toute la Flandre qui seraient touchées.
Ces suppressions d'emplois s'ajoutent à tous celles qui frappent les travailleurs en Flandre depuis l'éclatement de la crise. En 2009, le chômage y a augmenté de 25 %, les statistiques officielles dénombrent 42 000 chômeurs supplémentaires. Cette réalité est en contradiction flagrante avec la démagogie des politiciens nationalistes flamands pour qui la Flandre, contrairement à la Wallonie, est une région bien gérée où le capitalisme apporte richesses et bien être à tous.
Le chômage en Flandre n'était faible que parce que de nombreuses multinationales y avaient investi. Quand la Flandre n'intéresse plus les multinationales, la population de Flandre se retrouve dans la même situation dramatique que celle de Wallonie et de toutes les régions frappées par les licenciements massifs.
Pour le gouvernement flamand et les média derrière lui, la fermeture de l'usine d'Anvers serait due à la concurrence avec l'Allemagne... La Flandre n'a pu mettre "que" 500 millions d'euros sur la table, contre 2,7 milliards dans les autres pays (essentiellement l'Allemagne et la Suède). Ce serait là, selon les autorités flamandes, la raison pour laquelle aucune usine ne serait fermée en Allemagne. C'est oublier - ou mentir - qu'avec 4 000 suppressions d'emplois en Allemagne (le double avec les sous-traitants), l'impact pour les travailleurs y est même encore plus fort qu'en Belgique.
Le premier ministre flamand, maintient quand même sa promesse des 500 millions, si l'usine reste ouverte, mais sans préciser avec combien de travailleurs ! En fait, GM demande 3,3 milliards d'euros pour conduire cette restructuration. Les aides des différents États, si elles sont maintenues, serviront donc à financer les licenciements massifs...
Quant aux dirigeants syndicaux de l'usine à Anvers, les travailleurs n'en ont pas grand-chose à attendre. Leur ligne est depuis longtemps de vanter aux patrons la qualité des travailleurs. Comme l'a dit un délégué de la FGTB interviewé par le journal Le Soir : "Notre usine est cité en exemple pour sa productivité, son contrôle de qualité... On s'est battu comme des lions, on a accepté tous les sacrifices".
Les dirigeants syndicaux se gardent de toute déclaration sur les profits que GM a réalisés sur le dos des travailleurs, ou d'une mise en question des aides des différentes États dont les actionnaires ont profité.
Le délégué principal FGTB a même déclaré dans une interview à un journal allemand que "des grèves européennes sont possibles". Mais de là à les préparer...
A Anvers les délégués et militants syndicaux bloquent à 10 ou 20 seulement, dans le froid de janvier, le "trésor de guerre" de quelques milliers de voitures sur l'immense parking de l'usine, ils ont appelé les ouvriers, au nom de leur fierté offensée, à continuer le travail « jusqu'au dernier boulon »...
Les syndicats ne proposent donc rien pour s'opposer aux licenciements et aux baisses de salaires. Et si l'usine ferme, ils n'organiseront peut-être qu'un baroud d'honneur tardif. Parmi les travailleurs, le sentiment d'impuissance prévaut pour l'instant. Mais le jour où le désarroi deviendra colère, le rapport de forces pourrait vite changer car les travailleurs d'Opel à Anvers sont au cœur d'une vaste région industrielle et d'un des premiers ports européens et ses milliers d'ouvriers.