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Leur société
Après le « sommet social » du 15 février : Plus que jamais défendre les retraites
Comme c'était prévisible, le « sommet social » du 15 février a accouché d'une souris. Sarkozy, ses ministres Lagarde et Wauquiez et les représentants du patronat ont annoncé à ceux des syndicats, en visite à l'Élysée, qu'en guise de solutions « sociales », il fallait s'attendre en septembre à un projet de loi s'attaquant aux retraites.
Les quelques mois de délai entre début avril, après la remise du rapport du Conseil d'orientation sur les retraites, et la présentation du projet gouvernemental permettront de jouer le jeu de la « concertation ». Il s'agira, même si les détails ne sont pas arrêtés, « d'explorer toutes les pistes », mais surtout de faire sauter l'acquis de l'âge légal de départ à 60 ans, un « verrou » pour le gouvernement qui projette aussi d'augmenter encore le nombre d'annuités nécessaires pour toucher une pension à taux plein, ainsi peut-être que de s'en prendre à nouveau aux retraites des fonctionnaires.
L'annonce de ce délai permet surtout de reporter l'ouverture des hostilités sur les retraites, après l'élection régionale où l'UMP, le parti des hommes du président, n'a pas besoin d'un sujet de mécontentement supplémentaire à affronter.
La campagne à laquelle on assiste depuis des mois sur la prétendue nécessité de « réformer » le système de retraite n'en continue pas moins avec ses arguments sur l'espérance de vie ou la nécessité de faire travailler plus longtemps les plus âgés.
En fait, la réalité de la politique patronale est différente : en 2008, selon des statistiques officielles, les 55-64 ans n'étaient employés qu'à 38 % ! Tous ceux qui, sans emploi après 45 ans, tentent d'en retrouver un, savent que c'est quasiment mission impossible. Une journaliste de l'AFP, présente au Forum Emploi Seniors du 11 février dernier, en témoigne : « Alimat C., 57 ans, un autre informaticien originaire de l'Essonne, n'a plus d'indemnisation chômage depuis un mois. Les 900 euros mensuels de son épouse et 450 euros d'allocation spécifique de l'État sont insuffisants pour couvrir le loyer et les besoins de cinq enfants ».
Avec près de cinq millions de chômeurs, il est simplement hypocrite de prétendre, comme le fait le ministre du Travail Darcos, « interdire des plans sociaux qui s'appuient sur le départ prématuré des seniors ». Comme si les ministres avaient l'intention d'imposer quoi que ce soit au patronat en matière d'embauche ou d'interdiction des licenciements !
C'est dans le chômage massif, le développement du travail précaire que réside une des explications du déficit des caisses de retraites qui irait s'accroissant dans les décennies futures. Ce ne sont pas les cotisations des seniors sans emploi qui font le plus défaut, mais bien celles des 16-24 ans qui ne trouvent pas de travail, et celles de tous les autres.
Alors le véritable objectif du patronat et du gouvernement n'est pas de faire travailler plus longtemps des salariés que, de toutes façons, le patronat licencie avant l'âge de départ en retraite. Il est de diminuer leurs retraites en multipliant le nombre de travailleurs âgés en fin de droit, qui n'auront pas assez d'annuités pour obtenir une retraite à taux plein.
Il est incompatible de sauver les profits accumulés par les capitalistes et de verser aux travailleurs des retraites correctes. Le monde du travail n'a d'autre choix que de défendre ses retraités, actuels et futurs, c'est-à-dire son droit à avoir un revenu décent durant toute la vie. Il doit défendre la retraite à 60 ans et exiger le retour aux 37,5 annuités de cotisations. Dans les coffres des capitalistes, il y a de quoi financer largement retraites, salaires corrects, et emploi pour tous.
Les directions syndicales ont annoncé une journée d'action sur les retraites le 23 mars. Il faudra bien sûr y participer massivement. Mais il faudra aussi que ce soit le début d'une sérieuse mobilisation du monde du travail.