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- Lutte ouvrière n°2168
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Leur société
Besson contre les sans-papiers : Les grands patrons protégés
Dans son nouveau projet de loi contre les travailleurs sans papiers, Besson fait semblant de s'attaquer aux patrons qui exploitent illégalement des centaines de milliers de salariés sans droits.
C'est dans les travaux publics, le bâtiment, le nettoyage, les transports, la restauration, le gardiennage ou l'agriculture que sont principalement employés ces travailleurs. De grands groupes (Bouygues, Vinci, Eiffage, Veolia ), des chaînes de restauration (Costes, KFC ) des services publics ( RATP, SNCF ) sont responsables de ces activités et chantiers, sont les donneurs d'ordre et utilisent la sous-traitance et les sociétés d'intérim en cascade. On l'a vu lors de reportages sur des grèves de salariés rénovant les quais des stations du métro à Paris ou construisant la Tour First de la Défense dans les Hauts-de-Seine. D'ailleurs une grande partie des sans- papiers en grève pour leur régularisation en Ile-de-France sont des intérimaires travaillant en réalité pour ces grands groupes ou des services publics.
Le gouvernement sait tout cela parfaitement. Aussi le projet de loi de Besson fait-il semblant de réglementer ce travail illégal tout en évitant de s'attaquer aux intérêts des grands patrons. Il prévoit que la responsabilité pénale de l'emploi de travailleurs illégaux ne soit pas imputable aux donneurs d'ordre, mais aux sous-traitants. De même, les sanctions financières et les menaces de fermeture d'entreprises ne concernent que ces sous-traitants, pas les entreprises donneuses d'ordre, pas Bouygues ni la RATP. Et si d'aventure des contrôles ont lieu, si la loi s'applique et entraîne la fermeture de ces petites entreprises, les grands groupes savent déjà, en cas de problème, les faire disparaître et renaître sous une autre raison sociale.
Ce nouveau projet de loi, comme les précédents, ne vise qu'à essayer de racoler une partie de l'électorat en pointant du doigt les étrangers. Il restreindra davantage les droits des travailleurs sans papiers, tout en laissant au patronat presque toute liberté pour continuer de les exploiter.