Un responsable du Hamas, Al Mabhouh, ayant été retrouvé assassiné dans un hôtel de Dubaï, les autorités de l'émirat ont dénoncé le Mossad, les services secrets israéliens, comme étant les auteurs.

Des vidéos de surveillance montrent en effet clairement la « cible » encore vivante, suivie dans l'ascenseur de l'hôtel par des touristes plus vrais que nature, quasiment déguisés. Les faux touristes en question auraient été approvisionnés en faux-vrais passeports, aux noms de citoyens britanniques, irlandais, allemands et français.

Evidemment, ni le Premier ministre Netanyahou ni le ministre des Affaires étrangères d'Israël, Lieberman, ne revendiquent ouvertement les faits, le second lâchant simplement que « rien ne prouve qu'Israël est impliqué ». Mais ils ne se pressent pas de démentir une aussi éclatante évidence, d'autant moins qu'une partie des grands médias du pays se réjouissent de l'élimination de ce chef du mouvement islamiste réputé en Israël comme la clé du passage d'armes depuis l'Iran vers la Bande de Gaza et le Hamas.

Au demeurant, les responsables du Mossad ne semblent pas mécontents de redorer leur blason, après l'autre tentative d'assassinat, ratée, contre le dirigeant du Hamas Khaled Mechaal en 1997. À la suite de celle-ci, deux agents munis de passeports canadiens falsifiés avaient été arrêtés à Amman. Quant au gouvernement, nécessairement au courant des projets du Mossad, il sait que ce crime de ses barbouzes lui vaudra l'approbation d'une partie notable de l'opinion israélienne, en particulier à droite et à l'extrême droite.

Moins satisfaits sont les dirigeants des puissances européennes, soutiens hypocrites de la politique israélienne, mais souvent gênés par les « excès de zèle » du gouvernement Netanyahou, qu'il s'agisse des attaques meurtrières contre Gaza ou de cette nouvelle affaire. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, récemment réunis à Bruxelles, ont donc condamné « fermement » l'utilisation de passeports et de cartes de crédits falsifiés, obtenus à partir « d'identités volées » - en évitant cependant soigneusement de citer Israël.

Sarkozy quand à lui a condamné ces « méthodes » qui « n'amènent rien de positif ». Président d'un pays où les clans dirigeants ont plus d'une fois employé ces mêmes méthodes sur le continent africain à l'égard d'opposants, il sait de quoi il parle.

Pour la population de Gaza, de Cisjordanie, comme pour les habitants d'Israël, juifs ou arabes, ce n'est pas ce soutien pétri d'hypocrisie et de calculs qui apportera une solution.