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- Lutte ouvrière n°2170
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Dans les entreprises
Renault-Cléon (Seine-Maritime) : Après l'annonce d'une prime pour les hauts cadres, un débrayage réussi
Dans un courrier interne adressé aux cadres dirigeants de Renault (directeurs d'usines, chefs de services, directeurs de filiales, environ 2 800 personnes), Pelata, le directeur du groupe automobile, les a informés qu'une prime dite de performance leur était accordée au titre de l'exercice 2009.
Dans son courrier, il « reconnaît les résultats obtenus dans un contexte particulièrement difficile et l'engagement de tous pour atteindre un "free cash flow" (liquidité disponible) positif ». Un coup de chapeau sur « l'engagement de tous », mais une prime oscillant entre 10 000 et 15 000 euros uniquement pour les hauts cadres.
L'existence et le contenu de ce courrier ont été connus très rapidement dans les ateliers et bureaux, où un sentiment d'injustice et de colère s'est vite exprimé. Pour rappel, les salariés de Renault ont eu 0 % d'augmentation en 2009, 0,7 % cette année. La direction de Renault offre ainsi 30 millions d'euros à 2 800 cadres, alors que dans le même temps elle répartit 27,5 millions... à 55 000 salariés !
À Cléon, 450 travailleurs se sont rassemblés jeudi 25 février, à l'appel des syndicats, devant le bâtiment de la direction. À peine les manifestants commençaient-ils à discuter entre eux, en particulier sur les salaires, qu'une centaine d'ouvriers de la Fonderie, aujourd'hui filiale Renault, mais toujours implantée sur le même site, rejoignaient la manifestation. Les grévistes des deux entreprises se sont donc retrouvés dans le même rassemblement, se donnant mutuellement des marques de fraternité et de solidarité.
Les grévistes ont exigé qu'une délégation soit reçue par la direction, comprenant cinq militants syndicaux et cinq travailleurs sans mandat. Ce sont ces derniers qui ont donné le ton durant toute la rencontre. Ils ont expliqué leurs difficultés de plus en plus grandes pour vivre avec des salaires quasiment bloqués depuis des années, pour payer leur loyer, leurs dettes, etc. La direction était dans ses petits souliers, pas habituée à discuter d'une façon aussi directe et à être ainsi interpellée par des salariés voulant des réponses concrètes à leurs problèmes de salaire. Une travailleuse en colère a expliqué à une directrice qu'elle n'arrivait plus à partir en vacances avec ses enfants, qu'elle n'arrivait plus à s'habiller convenablement, tout en pointant du doigt les habits chics de son interlocutrice.
L'après-midi du même jour, un nouveau rassemblement a été tout aussi réussi, avec une fois encore la présence des travailleurs de la Fonderie. Tout le monde était pour attendre les résultats de l'entrevue entre syndicats et direction centrale de Renault qui devait avoir lieu lundi 1er mars. En fin de compte, cette rencontre n'a servi à rien, la direction persistant dans son refus de discuter d'une véritable augmentation générale des salaires pouvant garantir et améliorer le pouvoir d'achat à tous.
Un nouvel appel à cesser le travail, seul moyen de se faire entendre, a été lancé pour le jeudi 4 mars.