Arbel Fauvet Rail - Douai : À nouveau, menaces de fermeture et de licenciements30/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2178.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Arbel Fauvet Rail - Douai : À nouveau, menaces de fermeture et de licenciements

L'usine AFR à Douai fabrique des wagons de fret et, malgré les discours officiels sur la priorité soi-disant donnée au transport ferroviaire, elle va de mal en pis depuis des années. Elle a déjà fait l'objet de prétendus « sauvetages ». Quatre fois en quelques années, elle a été rachetée par des affairistes qui, à chaque fois, empochaient des « aides » sous forme de subventions publiques et licenciaient en même temps. Le dernier plan de « sauvetage » date d'il y a seulement quelques mois et avait entraîné 150 licenciements.

Le 11 mars dernier, le nouveau propriétaire-actionnaire présentait à la presse un nouveau modèle de wagon céréalier et annonçait la relance de l'entreprise. Et le 29 mars les 226 travailleurs de l'usine ayant produit ces wagons apprenaient qu'il n'y avait plus que 3 000 euros en caisse, que les cotisations Urssaf n'étaient plus versées. Le patron prétend que les salaires d'avril seront versés par l'AGS (une caisse d'assurance) et il propose plusieurs nouveaux projets qui, tous, entraîneront des licenciements, voire la fermeture de l'usine, mais lui permettront de se dégager sans avoir de comptes à rendre. Il ne dit pas, bien sûr, ce que sont devenues les subventions et les aides dont il a bénéficié.

Les travailleurs, qui avaient été un temps soulagés de voir arriver ce repreneur que tous, syndicats, cabinets d'experts et pouvoirs publics, leur présentaient comme digne de confiance, découvrent peu à peu ce qu'il en est réellement.

En fait, Maxime Laurent, ce repreneur, est à la tête d'une entreprise familiale qui se targue de gérer « dans une perspective sociale » des entreprises en difficulté. Il apparaît qu'il s'est largement servi dans les caisses de l'entreprise, alimentées à la fois par des fonds publics et par le règlement de quelques wagons commandés par des entreprises comme Colas ou des entreprises anglaises, wagons qui ne sont pas encore tous livrés. Il a aussi pensé à ses trois directeurs, qui percevaient un salaire mensuel de 15 000 à 26 000 euros et ont touché chacun une prime de 80 000 euros en décembre, au titre des « résultats » !

Les travailleurs, indignés, ont cessé le travail immédiatement. Depuis le 30 mars, ils occupent l'usine, interdisant l'entrée aux directeurs et au patron, réclamant que leurs salaires soient assurés et qu'on leur rende des comptes. Une journée portes ouvertes, samedi 24 avril, a amené de nombreux visiteurs, tous solidaires, car la crainte de voir disparaître cette vaste usine située en plein centre de Douai est très ressentie par la population.

Les politiques locaux se sont emparés de l'affaire et, en commun avec les syndicats et le préfet, ils n'ont pas de mots assez durs envers le repreneur qu'ils avaient parrainé quelques mois plus tôt. Le sous-préfet a même dit aux syndicalistes de la CGT que le patron « les avait tous baratinés ». Mais il ne l'a pas fait arrêter, tout de même !

L'idée reprise par les politiciens de droite comme de gauche est maintenant que les financeurs publics (communauté d'agglomération, Conseil régional), qui ont déjà versé au moins 50 millions d'euros de subventions pour cette usine, récupèrent les brevets et favorisent avec l'État la création d'un « grand pôle ferroviaire ». Mais les travailleurs des AFR ont déjà connu de multiples plans sociaux et de nombreux « sauveurs » dans le passé. Chaque fois, la situation s'est dégradée et de nombreux emplois ont été perdus. Dans les années 1980, il y avait encore près de 2 000 travailleurs. Ils ne sont plus que 226. Alors, les discours des politiciens sont accueillis avec méfiance, d'autant plus que le syndicat CGT dit déjà tout haut « qu'il ne sera pas possible de conserver tout le personnel ». Beaucoup de travailleurs des AFR ont plus de 50 ans et envisagent avec inquiétude le fait de se retrouver au chômage.

Voilà pourquoi l'idée d'un « pôle ferroviaire » apparaît malgré tout comme un espoir. Mais, au moment où le gouvernement est engagé dans la privatisation du fret et l'ouverture des transports publics aux capitaux privés, les patrons du privé n'investiront certainement pas massivement dans du nouveau matériel. Alors, les travailleurs des AFR ne devront se fier en aucun cas à une solution qui ne garantirait pas le maintien des emplois et des salaires.

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