Sport à l'école les après-midi : Avec quels équipements et quels enseignants ?26/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2182.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sport à l'école les après-midi : Avec quels équipements et quels enseignants ?

Le ministre de l'Éducation nationale Luc Chatel a annoncé le 25 mai qu'il voulait « développer la pratique sportive à l'école, en réorganisant le rythme scolaire : les cours le matin et le sport l'après-midi. Pour la prochaine rentrée, ce nouvel emploi du temps sera expérimenté dans une centaine de collèges ou lycées, à raison de une à trois classes par établissement, parmi ceux disposant des équipements nécessaires ». Il aurait pu ajouter : à condition aussi qu'il y ait les enseignants nécessaires ! Car, excepté dans quelques établissements bien dotés de centre-ville, le sport fait figure de parent pauvre dans la plupart des lycées et collèges, surtout dans ceux des banlieues populaires.

Très peu d'établissements sont pourvus d'un gymnase ou d'un espace extérieur permettant la pratique de sports collectifs et ils utilisent les équipements sportifs de la commune. À chaque rentrée scolaire, un plan de répartition des locaux entre toutes les écoles de la ville est donc mis en place, et c'est lui qui dicte aux enseignants d'éducation physique l'activité qu'ils feront pratiquer à leurs élèves, qui peuvent avoir rugby ou piscine aussi bien à 8 h, avant les cours d'enseignement général, qu'à 15 h. De toute façon, vu l'insuffisance des équipements, aucune école n'obtient le nombre d'heures dont elle aurait besoin. Et comme il faut inclure le temps de trajet dans les horaires de sport déjà insuffisants des élèves, cela réduit encore plus le temps consacré à pratiquer une activité physique sur le terrain.

En ce qui concerne les enseignants, c'est la même pénurie. Les suppressions de postes ont été encore plus massives que dans les autres disciplines, puisque seulement un professeur d'EPS (éducation physique et sportive) sur trois partant à la retraite a été remplacé ; depuis 2006, 2 616 emplois ont été supprimés et le recrutement par concours a été limité à 415 par an, alors qu'il faudrait 1 500 titulaires nouveaux chaque année, selon les syndicats. On en arrive à une situation où près de la moitié des professeurs d'EPS sont des précaires embauchés à l'année, ce qui ne permet pas un travail suivi avec les élèves. Et ce ne sont pas les 5 000 euros annuels promis par Chatel aux établissements volontaires pour expérimenter son projet qui permettront de changer la donne.

Il serait évidemment souhaitable que les jeunes aient plus d'activités sportives dans le cadre scolaire, à commencer par ceux qui n'ont pas les moyens de se payer un abonnement dans un club. Mais l'annonce de Chatel n'a rien à voir avec cela, sinon le gouvernement commencerait par consacrer l'argent nécessaire permettant de développer les infrastructures et d'augmenter le nombre de professionnels nécessaires pour encadrer les élèves et les aider à progresser, au lieu de couper dans les budgets.

Derrière ces propos concernant la modification des rythmes scolaires apparaît surtout la diminution des heures consacrées à l'enseignement général, ce qui conduira à encore plus de suppressions de postes de professeurs et à un enseignement plus superficiel pour les élèves.

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