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Antilles : L'épidémie de dengue n'est pas une fatalité
L'épidémie de dengue qui sévit actuellement en Guadeloupe et en Martinique est la plus grave de celles qui ont frappé ces îles depuis plusieurs années. Au 23 août, on comptait déjà près de 60 000 cas (25 600 en Martinique et 33 000 en Guadeloupe) depuis la fin 2009. À cette même date on comptait quatre décès en Guadeloupe et treize en Martinique. Or, d'après les spécialistes, le pic de l'épidémie n'est pas encore atteint.
Devant l'ampleur de l'épidémie, et près de six mois après sa montée en puissance et face au manque d'embauche civile, l'État a décidé de faire intervenir l'armée aux côtés des équipes gérées par les directions départementales de santé. 69 militaires sont venus renforcer ces équipes sur les deux îles. Ces dernières organisent généralement des campagnes de pulvérisation de produits anti-moustiques, mais elles sont bien trop rares. D'autant que, rien qu'au début du mois d'août, on connaissait déjà des milliers de cas de dengue supplémentaires sur les deux îles. Certes, les campagnes de prévention radio-télévisées auprès de la population existent depuis longtemps. Mais comment expliquer cette lenteur des organismes officiels à réagir plus radicalement et avec de gros moyens, sinon par un manque de personnel criant et par une trop longue sous-estimation de l'ampleur du phénomène par les directions chargées de la santé publique.
Bien sûr, quotidiennement, on nous dit de détruire les gîtes larvaires dans et autour des maisons. Cela est vraiment nécessaire. Mais dans et autour des écoles, des bâtiments publics, par manque d'entretien régulier, ces foyers de reproduction et d'infection sont très nombreux. De plus, le nombre de gens vivant dans des conditions d'habitat précaire, dans des quartiers pauvres et insalubres, reste très important. Ces conditions de vie favorisent la prolifération des moustiques.
Les climatiseurs, les ventilateurs qui éloignent les moustiques finissent par coûter très cher en électricité pour ceux qui en possèdent. Quant aux produits anti-moustiques du style crème ou répulsifs en pulvérisation qu'on nous recommande à longueur de journée sur les ondes, ils finissent par coûter cher. Ce ne sont pas les plus pauvres qui peuvent en bénéficier comme il le faudrait. On peut constater que les gens aisés vivant dans les beaux quartiers, aux maisons constamment climatisées, s'ils ne sont pas totalement exempts de contamination, sont bien mieux protégés que la masse des pauvres. Le patron passant sa journée dans un bureau climatisé est bien mieux protégé que les ouvriers. Face à l'épidémie, tout le monde n'est donc pas tout à fait logé à la même enseigne.
Depuis quelques jours, l'administration préfectorale semble vouloir prendre des mesures de prévention et de destruction des gîtes larvaires à grande échelle. Mais il était possible de ne pas en arriver là par une action régulière, quotidienne, méthodique, pas seulement à la radio ou à la télé mais sur le terrain avec des équipes nombreuses et des moyens plus importants en produits et appareils.