- Accueil
- Lutte ouvrière n°2210
- Un carton rouge pour les banquiers : Il est urgent de les mettre hors jeu !
Editorial
Un carton rouge pour les banquiers : Il est urgent de les mettre hors jeu !
La proposition d'Éric Cantona, invitant tous ceux qui disposent d'un compte en banque à retirer le même jour les fonds qui y sont déposés, a provoqué des réactions diverses, venant tout d'abord de ceux qui soutiennent le système bancaire - et pas seulement en paroles.
Ainsi, avec la morgue qu'on lui connaît, Christine Lagarde a tancé le footballeur, l'invitant à ne pas se mêler de ce qu'il ne connaît pas.
Sauf que, justement, l'activité des banques en général, et tout particulièrement dans la période récente, concerne toute la population, et au premier chef la population laborieuse. C'est pourquoi l'initiative de Cantona a été d'emblée populaire, sauf bien évidemment auprès de ceux qui étaient ainsi montrés du doigt.
Personne ne peut ignorer que si, à des degrés différents mais dans tous les pays de la planète, nous en sommes arrivés à cette situation catastrophique qui se traduit par des millions de chômeurs, par une montée éhontée des cours des matières premières qui prive les habitants d'une partie du monde de l'accès aux denrées les plus indispensables à leur survie, c'est à l'activité des banques qu'on le doit. Cette activité porte un nom : spéculation.
Les banquiers, les financiers spéculent sur tout ce qui peut leur rapporter le plus d'argent, le plus vite possible. Un jour, c'est le logement des plus démunis qui est visé, puis c'est le riz ou le blé. Leur cible peut changer du jour au lendemain mais, à chaque fois, ce sont les classes populaires qui subissent les effets cumulés et dévastateurs.
Et ce qui révolte est que ces banques, qui ont entraîné l'économie et les populations dans un marasme économique sans fond, n'encourent pas la moindre sanction. Bien au contraire. Aux États-Unis et en Grèce hier, en Irlande aujourd'hui et demain sans doute au Portugal, en Espagne ou en France, des centaines de milliards de dollars ou d'euros leur ont été ou leur seront accordés sous prétexte de venir à leur secours. Avec cette masse colossale d'argent frais et gratuit, elles se sont empressées de spéculer de plus belle à une tout autre échelle puisqu'elles s'attaquent désormais aux dettes des États, au risque - mais elles s'en moquent - de provoquer l'écroulement général de toute l'économie et quitte à être elles-mêmes entraînées dans la débâcle dont elles sont à l'origine.
Cantona n'a donc fait que donner un carton rouge au système bancaire, sanction amplement méritée, même si elle ne fera pas rentrer les spéculateurs de haut vol au vestiaire, ni ne les contraindra à s'assagir ou seulement à modérer leurs méfaits.
Il faut pourtant, et c'est urgent, mettre un coup d'arrêt à leur malfaisance. En commençant par exproprier ces banques et les banquiers qui les dirigent. Ce ne serait que justice, car l'argent dont elles se servent pour spéculer est à nous. Les milliards que les États leur refilent, c'est notre argent. C'est l'argent de la population qui, si elle en récupérait la gestion, ne ferait que se réapproprier ce qui appartient à la collectivité.
Quant au fonctionnement du système bancaire, mieux vaudrait en laisser le contrôle aux salariés des banques, lesquelles ne fonctionnent que grâce à leur activité. Ils ne pourraient faire pire que les banquiers actuellement en place car ils sont, collectivement, autrement plus compétents que les hauts cadres qui sont aujourd'hui à la tête de telle ou telle banque, que l'on trouvait hier et qu'on trouvera sans doute demain à la tête de telle ou telle société industrielle ou commerciale. Les salariés feraient bien mieux que ces mandataires des riches. Et, surtout, ils mettraient leur compétence au service de la collectivité, au lieu de la laisser entre les mains de ceux qui ont, délibérément, entraîné la population dans cette crise.
Les activités des banques sont sans doute nécessaires au fonctionnement de l'économie, mais pas ces banquiers parasites, pas ces spéculateurs irresponsables.
Pour que le système bancaire et financier fonctionne au service de la collectivité, il serait indispensable d'enlever les banques des mains de ces profiteurs avides qui saignent le monde et de les unifier en une seule banque, dans chaque pays, sous le contrôle et l'autorité de la population.
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 6 décembre