L'intervention rapide de l'armée française, avec le désastre qui s'en est suivi pour les deux otages, a été permise par le fait que des troupes stationnent en permanence en Afrique. Il s'agit de « forces prépositionnées », pour reprendre les termes du ministère de la Défense. Plus de 15 000 militaires sont ainsi en permanence sur le pied de guerre, sans compter les commandos envoyés en renfort, ainsi que du personnel civil.

En effet, outre les bases militaires situées sur le territoire métropolitain, la France en a établi dix autres dans le monde, dans des zones qui correspondent à son ancien empire colonial. Cinq d'entre elles sont dans des collectivités ou départements toujours rattachés à l'État français aux Antilles, en Guyane, en Polynésie française, en Nouvelle-Calédonie et à La Réunion-Mayotte. Et il existe deux bases permanentes dans les Émirats arabes unis, en vue d'interventions au Moyen-Orient et dans l'océan Indien.

Mais c'est surtout en Afrique que l'impérialisme français tient à avoir une présence militaire permanente, dans le but, non d'assurer la sécurité des ressortissants, comme le gouvernement le proclame à chaque intervention, mais surtout de protéger les intérêts économiques des grands groupes français qui continuent de piller le continent, en assurant si besoin est la défense de régimes qui leur sont favorables. Trois bases permanentes sont ainsi installées sur le continent africain : à Djibouti, au Gabon et au Sénégal. Et l'état-major considère que celle de La Réunion est aussi une base servant de départ à des interventions en Afrique. L'an dernier, 11 200 militaires ont ainsi été engagés dans des opérations extérieures, dont plusieurs milliers en Afrique, dans les opérations Licorne menée en Côte d'Ivoire, et Épervier au Tchad.

Pour l'impérialisme français, ses anciennes possessions africaines restent encore sa chasse gardée, et il se donne les moyens d'y intervenir militairement à tout moment.