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Prix de l'eau à Paris : Une baisse très symbolique ?
Delanoë, le maire PS de Paris, a annoncé une baisse de 8 % du prix de l'eau potable dans la capitale à partir du 1er juillet. En réalité, la baisse ne porte que sur un tiers de la facture d'eau : celle qui concerne sa production et sa distribution, que maîtrise la Ville de Paris.
Les deux autres tiers, comportant l'assainissement des eaux usées et les taxes, ne baissent pas. Sur une facture d'eau de 300 euros en moyenne par an, le gain pour les usagers sera une dizaine d'euros, et à condition que les deux autres parties n'augmentent pas.
Cette baisse se veut symbolique. C'est une conséquence, explique la mairie, du retour à une gestion publique de l'eau depuis janvier 2010, après vingt-cinq ans de règne de la Lyonnaise des Eaux (Suez), à laquelle Chirac avait attribué la rive gauche de la Seine, et de la Générale des Eaux (Veolia), qui s'était vu confier la rive droite. « Contrairement aux privés, nous n'avons pas de bénéfices ni de profits à redistribuer : tout est réinvesti dans l'entretien des réseaux, et au profit des Parisiens en baissant le prix de l'eau », souligne Anne Le Strat, adjointe au maire de Paris chargée de l'eau.
Si cette baisse est modeste, c'est parce que la mairie de Paris est loin d'avoir coupé le cordon qui la relie au secteur privé. L'établissement Eau de Paris, qui dépend directement de la mairie, y fait appel pour poser des vannes, des canalisations, pour construire des usines de traitement de l'eau. La gestion des compteurs et leur relevé à distance sont assurés par des prestations extérieures. On reste donc loin d'un contrôle de la gestion de l'eau par la population, et même de sa maîtrise par la mairie. « Il n'y aura plus de délégation de service public. Il y aura par contre des marchés publics », reconnaît Anne Le Strat. Or Eau de Paris compte 880 salariés et, si la municipalité l'avait voulu, elle aurait pu s'appuyer sur ces travailleurs, aux qualifications variées, et éventuellement en embaucher d'autres, de façon à se passer le plus possible des trusts de l'eau.
De telles possibilités n'existent pas dans nombre de communes moins importantes. Quand bien même elles s'uniraient dans un groupement intercommunal pour gérer l'eau, les moyens dont elles disposent ne sont pas comparables à ceux de Veolia, de Suez ou de la Saur, les trois géants de l'eau. Il serait pourtant nécessaire d'arriver à s'en passer. Il faudrait pour cela créer, à l'échelle nationale, un service public de l'eau qui dispose des moyens humains et matériels pour gérer l'eau, sans avoir à passer par ces sociétés pour qui elle n'est qu'un moyen de rançonner les consommateurs.