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- Lutte ouvrière n°2233
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Leur société
Marine Le Pen et le pouvoir d'achat : Démagogie et mensonges
Lors d'une conférence de presse consacrée au pouvoir d'achat, destinée donc à séduire l'électorat populaire, Marine Le Pen a présenté les mesures qu'elle se propose de défendre, essayant de faire passer pour radicales des propositions qui se résument à une série de phrases creuses associées à la défense du patronat français.
Il faut, dit-elle, une « rupture de politique économique », c'est-à-dire sortir de l'euro et élever des barrières afin de protéger les entreprises françaises. Ce serait le seul moyen de préserver les emplois selon elle. Cela consiste en fait à soutenir les patrons français et, plus largement, les patrons qui produisent en France, mesure qui se décline en une proposition de loi incitant à « acheter français ». Comme si, quand les affaires des patrons sont prospères, cela se traduisait par une amélioration du sort des salariés !
Contre la hausse des produits alimentaires, elle prétend vouloir « casser les pratiques abusives de la grande distribution en ayant un État fort qui n'hésite pas à taper du poing sur la table ». Comment ? En renforçant les moyens de l'Autorité de la concurrence ! Toute la radicalité de cette proposition est concentrée dans la formule « du poing sur la table ». Mais quels moyens aurait cette commission face à des patrons des grandes surfaces qui promettent tout ce que l'on veut mais n'en font qu'à leur tête ?
Marine Le Pen parle aussi d'encadrer les prix alimentaires, mais ne dit pas de combien, ni surtout qui ferait respecter ce maximum. Son audace est à son comble lorsqu'elle envisage la création sur le site internet du FN d'un « observatoire du pouvoir d'achat ». Bigre ! On trouve de tels barèmes périodiquement dans le quotidien Aujourd'hui ou dans la revue Que Choisir ?. Elle propose de baisser la TIPP (de peu d'ailleurs) et de compenser ce manque à gagner pour l'État par une « surtaxe des surprofits des groupes pétroliers », mais se garde de chiffrer cette mesure. Total n'a pas à trembler...
Dans la catégorie « Marine Le Pen sait feindre la colère », elle dénonce les petites retraites, mais ne propose rien de significatif, surtout pas la hausse des pensions. Par contre, et cela est significatif, on ne l'a pas vue ni entendue pendant que les travailleurs se battaient contre la réforme de l'automne 2010...
Marine Le Pen défend ce qu'elle appelle « un capitalisme populaire », c'est-à-dire que les entreprises de plus de 50 salariés devraient accorder 10 % de leurs actions et de leurs dividendes aux salariés ? En fait cela existe et s'appelle l'actionnariat salarié et cela n'a pas changé le sort des travailleurs.
Pour financer tout cela, elle propose de faire des économies de l'ordre de cent milliards sur des dépenses qu'elle juge inutiles, entre autres 60 milliards que coûterait l'immigration, chiffre fantaisiste inventé par le Front national. Marine Le Pen reste dans la continuité d'un parti, le Front National, qui continue à vouloir faire croire que les immigrés seraient responsables de tous les maux. Notons qu'au chapitre des dépenses inutiles, elle ne dit pas un mot des aides de tous types que l'État verse au patronat et qui représentent bien plus de cent milliards tous les ans.
La colère légitime des travailleurs, des retraités et des chômeurs face à l'augmentation du coût de la vie ne peut trouver de débouché que dans un programme de lutte dans la rue, dans les entreprises, dans un affrontement frontal avec le patronat. Cela, Marine Le Pen le craint comme le feu. Elle se contente de dire aux classes populaires de voter pour elle... comme tous les autres politiciens en compétition en ce moment.