Le directeur du courrier de Paris Nord vient d'adresser à tous les postiers du bureau de Paris Louvre une lettre les informant que La Poste avait en vue une opération immobilière sur leur lieu de travail.

« Comme vous l'avez constaté, de nombreux mètres carrés sont inutilisés dans ce bâtiment. Au vu du prix du mètre carré dans Paris intra-muros, il est bien légitime que La Poste étudie depuis des mois, voire des années, quel avenir donner à ce site historique. »

Ces « mètres carrés inutilisés », c'est La Poste elle-même qui les a créés en supprimant des emplois. Dans l'immeuble de la rue du Louvre, il y avait 2 000 postiers. Il n'y en a plus aujourd'hui que 700. La direction continue à réduire les effectifs et, comme dit la lettre, à « libérer des mètres carrés ». Ce n'est pas la promesse de maintenir une « occupation postale » qui peut rassurer. On sait que derrière ces mots les dirigeants de La Poste peuvent mettre n'importe quoi.

Mais si la direction n'est pas très causante sur les détails de l'opération, il est certain qu'elle lui rapporterait une somme considérable. Dans un quartier où l'immobilier de bureau et commercial peut se vendre à 15 000 euros le mètre carré, les 35 000 mètres carrés de l'immeuble pourraient rapporter la bagatelle de 525 millions. Presque autant que la totalité des bénéfices de La Poste en 2010 : 550 millions d'euros. Et si La Poste ne vend pas, mais loue ou crée différents « partenariats » comme elle dit, on peut être certain que ce sera pour gagner encore plus.

Depuis des années qu'elle vide les bureaux de poste des employés qui y travaillent, La Poste a d'ailleurs bien vu l'opportunité immobilière que cela représentait et a créé une filiale, Poste Immo, dédiée à ces opérations. En supprimant des emplois, La Poste gagne ainsi sur tous les tableaux. Mais les 700 postiers de la rue du Louvre, inquiets de ce que présage l'opération en vue, peuvent faire un autre calcul : la somme que représenterait la vente de l'immeuble, c'est 52 ans de salaire pour tous.