Les chiffres du chômage sont repartis très fortement à la hausse au mois de juin, avec une augmentation officielle de 36 600 chômeurs. Mais derrière ces chiffres la situation est bien pire encore.

Le chiffre officiel publié par le gouvernement, donne un total de 2,9 millions de chômeurs. Mais il ne compte que les chômeurs dits de catégorie A, pour reprendre la classification de Pôle emploi, c'est-à-dire ceux qui n'exercent strictement aucune activité. Il faut ajouter à ce chiffre ceux qui n'ont qu'un travail à temps partiel -- ce que Pôle emploi appelle pudiquement « exercer une activité réduite ». En comptant ces catégories, le chiffre bondit à 4,3 millions ! Si les statistiques du ministère sont une chose, la réalité vécue par les travailleurs en est une autre, et que l'on soit chômeur sans activité ou travailleur à temps partiel, cela ne fait guère de différence à la fin du mois.

En ajoutant les 588 000 personnes « sans recherche positive d'emploi », que Pôle emploi n'a pas ou pas encore radiées, il y a donc dans ce pays au moins 4,7 millions de travailleurs qui sont privés d'un réel emploi.

Mais ces chiffres ne sont que très partiels. Depuis des années Pôle emploi a comme consigne de rayer des listes des dizaines, voire des centaines de milliers de chômeurs, qui, une fois radiés, n'ont pas plus de travail qu'avant, mais n'apparaissent plus dans les chiffres.

Pour prendre la mesure de ce phénomène, il suffit de consulter l'étude mensuelle des entrées et sorties de Pôle emploi.

Le chiffre des entrées à Pôle emploi en juin est spectaculaire : plus de 500 000. Le chiffre des sorties s'élève à quelque 470 000. Mais sur ces 470 000, 96 500 ont retrouvé un emploi, c'est maigre. Le reste, ce sont des chômeurs qui sortent des statistiques parce qu'ils ont trouvé un stage, sont en arrêt maternité, et surtout... sont radiés. Au seul mois de juin, 285 000 chômeurs ont été sortis des statistiques de Pôle emploi.

Ces données chiffrées ne permettent donc pas de préciser le nombre réel des chômeurs dans ce pays. Il est de toute façon très au-dessus des quatre millions, et il n'est sans doute pas faux d'estimer, comme le font certaines associations, qu'en comptant les radiés, les sans-papiers, les étudiants et les retraités à la recherche de petits boulots, le chiffre approche les huit millions.

Et cette hécatombe n'a aucune raison de s'arrêter puisque, depuis la crise de 2008, les entreprises ferment ou licencient à tour de bras. Les statistiques officielles, qui valent ce qu'elles valent, estiment à un million le nombre de chômeurs supplémentaires depuis cette date.

Que des millions de travailleurs, des millions de bras et de cerveaux qui pourraient servir utilement la collectivité, qui ne demandent qu'à travailler, soient contraints de rester sur le carreau par le seul choix des capitalistes, est la pire injustice mais aussi une aberration de ce système économique.