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- Lutte ouvrière n°2250
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États-Unis : « American Jobs Act », le plan emploi d'Obama - C'est son propre job qu'il veut sauver
Le 8 septembre, Obama a exhorté le Congrès à adopter son projet de loi sur l'emploi, intitulé « American Jobs Act ». Il prétend qu'avec cette loi, il va « reconstruire l'Amérique » ! Il tente en tout cas de reconstruire son image, quelque peu brisée par les attaques de son administration contre les milieux populaires, alors que le chômage continue à augmenter, ainsi que par les restrictions budgétaires à l'encontre des services publics, et en particulier de l'éducation. Il veut faire oublier, à 14 mois des prochaines élections, les coupes claires qu'il a acceptées dans tous les programmes sociaux, il y a seulement quelques semaines, pour obtenir le relèvement du plafond de la dette.
Obama est d'abord allé à Detroit le 5 septembre, lors de la parade du Labor day. Dans cette ville où le taux de chômage est officiellement de 12 %, il a tenu à présenter en avant-première son plan pour l'emploi. Il a loué avec emphase le rôle des organisations syndicales et les a assurées de son soutien. Puis, devant le Congrès, il s'est livré à des tirades enflammées, prononçant un discours digne d'un opposant sans complaisance, comme s'il n'était en rien responsable des maux qu'il dénonce.
Par exemple, les infrastructures qui se dégradent sont un sujet d'indignation pour Obama, qui constate qu'il y a « des millions de chômeurs dans l'industrie du bâtiment » qui pourraient y travailler, sans rappeler bien sûr que son gouvernement, comme ceux qui l'ont précédé, ont coupé dans les crédits qui auraient pu financer ces travaux.
De même, alors que son ministre de l'Éducation s'emploie à se débarrasser d'un maximum d'écoles publiques pour les donner au privé, Obama s'indigne : « Il y a dans ce pays des écoles qui ont désespérément besoin d'être rénovées. Comment peut-on attendre de nos enfants qu'ils fassent de leur mieux dans des lieux qui tombent littéralement en ruines ? Nous sommes en Amérique. Chaque enfant à droit à une très bonne école -- et nous pouvons la lui donner, si nous agissons maintenant. »
Obama prétend que son plan va permettre de rénover « au moins 35 000 écoles », que « des milliers d'enseignants vont être réembauchés dans tous les États ». « Nous en licencions des foules. Ce n'est pas juste », dit-il ! « Votez cette loi et nous remettrons les enseignants dans les classes, là où c'est leur place. »
Les autres volets du plan comportent le renouvellement pour un an des mesures d'extension des allocations chômage et des dégrèvements de cotisations à la caisse fédérale de retraite, Social Security, pour les particuliers mais aussi pour les entreprises, Obama disant viser les petites entreprises qui sont créatrices d'emplois.
Le plan coûterait 447 milliards de dollars et Obama affirme qu'il n'augmentera pas le déficit. Près de la moitié des 447 milliards sont pris sur le système fédéral des retraites, Social Security. Pour le reste, Obama demande à la commission déjà chargée de trouver d'ici novembre de quoi réaliser 1,5 milliard d'économies sur le budget de l'État, de trouver de quoi économiser un peu plus pour financer le nouveau plan. C'est dire que des attaques de grande envergure contre la population sont en préparation, et Obama le sait bien.
Même si son plan était adopté, il est bien évident qu'il ne permettrait pas de « reconstruire l'Amérique », même pas de diminuer significativement le chômage, chiffré officiellement à 14 millions de personnes, sans compter celles qui n'ont pu trouver qu'un emploi à temps partiel. Les commentateurs les plus optimistes évoquent plus d'un million d'emplois créés, tandis que d'autres estiment que l'argent distribué servira aux familles à éponger un peu leurs dettes, et aux entreprises à embaucher des gens qu'elles auraient embauchés de toute façon.
Mais la plupart disent tout simplement qu'une bonne partie du plan ne sera pas adopté par le Congrès.
Obama aura tenté de faire oublier sa propre politique en se présentant comme celui qui défend les intérêts de la population, envers et contre tous. C'est tout de même prendre les gens pour des imbéciles.