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Grèce : Deux ans de mesures contre la population
À la Foire internationale de Thessalonique, le 10 septembre, le Premier ministre grec Papandréou a tenu un discours sur la rigueur nécessaire et la volonté de la Grèce de respecter ses engagements envers les banques. Aux alentours, 25 000 manifestants défilaient et, pour un certain nombre d'entre eux, ils se heurtaient aux 6 000 policiers mobilisés pour l'occasion, en proclamant qu'ils n'avaient aucune envie de payer pour les banquiers, et d'ailleurs pas les moyens de le faire.
La situation s'est considérablement dégradée depuis deux ans. Même si toutes les mesures annoncées sont loin d'être appliquées, celles qui touchent les salariés ont eu l'effet prévu : un appauvrissement de la population, et des travailleurs les plus modestes en particulier.
À commencer par les 800 000 fonctionnaires : leur salaire a baissé de 30 % en moyenne en un an, tandis que, depuis la fin août, leur horaire est passé de 37,5 à 40 heures par semaine. Leurs postes sont menacés par une nouvelle réforme réclamée par la Troïka (l'Union européenne, la Banque européenne et le FMI) : il s'agirait d'une mise « en réserve » de plusieurs milliers d'entre eux, jugés excédentaires, qui ne toucheraient que 60 % de leur salaire pendant un an, avant d'être redéployés ailleurs ou recrutés en tant que « vacataires » ! Mais beaucoup de contractuels, eux, ont déjà vu leurs postes supprimés, au point qu'à Athènes le maire quémande régulièrement quelques subventions pour garder des travailleurs indispensables au ramassage des ordures. La règle étant, selon le gouvernement, de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur dix partant en retraite, les 10 000 départs dans l'éducation, selon le chiffre officiel et contesté, ont donné lieu à 600 embauches.
Après avoir reculé de 4 % entre 2009 et 2010, l'indice de la production industrielle a encore perdu 13 % entre juin 2010 et juin 2011. Le président du syndicat des artisans et commerçants dénonce la fermeture de 250 000 petites entreprises et prévoit la disparition de 100 000 de plus d'ici à la fin de l'année, ce qui entraînerait la perte de 134 000 emplois. Le chômage est officiellement à plus de 16 %. En réalité, le rapport de l'Institut du travail (INE), établi chaque année par les confédérations syndicales du public et du privé, le chiffre à plus de 20 %. Le même rapport parle d'une augmentation « explosive » du chômage de 95 % entre 2008 et 2011.
Quant aux salaires, ils sont en chute libre. Un Grec sur cinq gagne 6 480 euros ou moins par an. Selon le rapport de l'INE, fin 2011 le pouvoir d'achat du salaire moyen aura reculé au niveau de 2003.
Devant cette débâcle, la dernière proposition du ministre des Finances, Vénizélos, semble surréaliste : pour récupérer deux milliards d'euros, il a annoncé une taxe sur l'immobilier, qui serait prélevée en même temps que la facture d'électricité. Il a également annoncé qu'il rencontrerait les représentants des armateurs. Mais il s'agit seulement de voir avec eux « comment ils peuvent contribuer de manière immédiate et efficace » au redressement du pays.
Avec de tels patrons richissimes, on ne va tout de même pas utiliser la contrainte. On verra donc l'utilité de cet appel, qui sera sans doute aussi efficace que la publication de la liste des entreprises qui doivent plus de 30 milliards d'euros au fisc.