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Portugal : Contre les attaques gouvernementales, la montée du mécontentement
Au Portugal, samedi 15 octobre, dans le cadre de la journée internationale des Indignés, près de 40 000 personnes ont manifesté à Lisbonne et à Porto. La révolte contre les mesures d'austérité annoncées par le gouvernement se fait entendre de plus en plus fort.
À la suite du succès des manifestations appelées le samedi 1er octobre par la CGTP et par le syndicat d'enseignants Fenprof, les deux confédérations syndicales CGTP, proche du PC, et UGT, à direction socialiste et de droite, sont tombées d'accord pour appeler à une journée de grève générale.
La date a été fixée au 24 novembre, jour anniversaire de la grève générale précédente du 24 novembre 2010. L'an passé, la protestation visait le gouvernement socialiste de José Socrates. Celui-ci a été remplacé en juin par la droite, qui n'avait voté contre le plan d'austérité de José Socrates que pour en imposer un plus draconien encore. La pression venant des milieux populaires a mis les confédérations d'accord, même si l'on peut se demander si l'anniversaire du 24 novembre et la proximité du vote du budget ne sont pas des prétextes pour retarder ou atténuer la riposte. Quant à ses objectifs, le secrétaire général de la CGTP déclarait au Monde : « Le gouvernement veut nous faire chuter de 50 mètres. Nous voulons limiter l'impact à 20 mètres. »
Le plan présenté par le Premier ministre Passos Coelho attaque de front l'ensemble des travailleurs. Les salaires de la fonction publique vont baisser. Les fonctionnaires et les retraités du public touchant plus de 1 000 euros par mois vont perdre leurs primes de fin d'année, temporairement dit-on. Le temps de travail va s'allonger pour tous, d'une demi-heure dans le privé. Le gouvernement prétend ainsi faire 2,2 milliards d'économies par an.
Il veut économiser deux autres milliards sur les prestations sociales. En même temps les impôts rapporteront trois milliards supplémentaires, dont deux milliards par la seule augmentation de la TVA, qui va passer à 23 % pour bon nombre de produits. Toute la consommation populaire va être frappée, à la fois par la baisse des salaires et pensions et par la hausse de la TVA.
Le but est d'abord de rassurer les agences de notation, les « marchés » et la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international), qui a promis 78 milliards d'aides. L'économie, elle, s'enfoncera brutalement. Le produit intérieur brut, qui a reculé cette année de 1,9 %, devrait perdre 2,8 % selon le ministre des Finances, et près de 4 % selon le secrétaire général de la CGTP. Le chômage devrait passer de 12,5 % aujourd'hui à 13,4 %. Dans un pays où le smic est à 485 euros, où la précarité est un fléau et où la majorité des retraités vivent dans la misère, le niveau de vie risque de revenir à ce qu'il était sous la dictature de Salazar, quand toute la jeunesse se tournait vers l'émigration.
Ce qui se prépare est donc une brutale aggravation de la récession qui frappe le pays depuis plusieurs années déjà. Les principaux journaux et les économistes s'en inquiètent ouvertement. Le président de la République lui-même, qui appartient au même parti que le Premier ministre et qui a jusque-là justifié tous les plans d'austérité, a critiqué en paroles le projet de budget 2012, qualifiant de « violation du principe d'équité fiscale » la suppression des primes de fin d'année.
Mais ce n'est pas lui qui va défendre les travailleurs portugais de l'austérité et de la misère. La grève générale du 24 novembre ne fera bien sûr pas reculer ce gouvernement antiouvrier, mais elle peut et doit être un pas dans la mobilisation des travailleurs pour faire payer aux capitalistes et aux banquiers la crise de leur système.