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- Lutte ouvrière n°2272
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Dans les entreprises
Air France : Des travailleurs « expulsent » la direction
Depuis plusieurs semaines, la direction d'Air France a annoncé un nouveau plan d'austérité pour « sortir de la crise ». Évidemment, c'est sur les salariés qu'elle frappe : blocage des rémunérations et avancements, gel des embauches pour remplacer ceux qui partent, nouveau régime de départ en congés aboutissant à la perte systématique des trois jours de majoration en hiver...
Mais la direction ne s'en tient pas à cela. Elle veut imposer un recul sur toute la ligne des conditions de travail et de salaire. En dénonçant la convention d'entreprise et les accords sur les RTT, elle entend avoir les mains libres pour s'en prendre aux acquis.
Ainsi, vendredi 10 février, alors que la direction avait convoqué un Comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire pour y dénoncer la convention d'entreprise, quatre syndicats (CGT, FO, Unsa et Sud) appelaient le personnel de toute la compagnie à protester en faisant grève.
À Orly-Nord et Villeneuve, un peu plus de trois cents travailleurs ont fait grève dans les ateliers et à l'usine, et sont allés en cortège rencontrer leurs camarades du site voisin de Paray-Vieille-Poste.
À Roissy, un rassemblement avait été prévu au siège d'Air France où devait se tenir le CCE. Plus de 600 travailleurs du Fret, de l'Escale, de la Maintenance, du Passage sont venus et, du coup, les portes du CCE se sont ouvertes sous la pression du nombre. Là, ils ont dit aux responsables de la direction qu'ils en avaient assez de payer pour les actionnaires et pour les hauts cadres avec leurs salaires et avantages indécents. Au bout de deux heures de cette présence imprévue de centaines de manifestants en colère, le CCE a dû être annulé, et les hauts cadres ont dû quitter les lieux en passant entre une haie de « déshonneur ».
Dans la foulée, la direction a dû annoncer - le nouveau DRH en bafouillait d'émotion - qu'elle allait revoir sa copie, qu'elle reportait la dénonciation de la convention et des accords RTT à fin mars, après consultation des syndicats, ce qui n'était pas dans son plan initial.
Bien sûr, il n'y a pas d'illusions à se faire, ce n'est que partie remise. Mais ce recul a été pris comme une première victoire. Les travailleurs d'Air France sont décidés à ne pas se laisser plumer comme des pigeons et la direction se doute bien qu'ils sont prêts à remettre ça.