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Espagne - En Andalousie et dans les Asturies : Pari perdu pour Rajoy
En Espagne, les élections du 25 mars n'ont pas donné au parti de droite, le Parti populaire (PP), le pouvoir sur les deux régions autonomes (l'Andalousie et les Asturies) dont le Parlement était renouvelé.
Le Parti populaire espérait la majorité absolue des sièges au gouvernement de l'Andalousie, où les socialistes du PSOE l'avaient toujours emporté haut la main depuis trente ans. Il espérait prolonger sa victoire aux élections nationales et municipales de novembre dernier, qui avaient vu la déroute du Parti socialiste, le PSOE. Mais, après quatre mois de gouvernement, le PP a perdu son pari.
Même s'il est le parti qui a le plus grand nombre de voix, le Parti populaire a perdu des voix par rapport à novembre dernier, et surtout il n'aura pas la majorité absolue des sièges comme il l'escomptait. C'est un recul d'autant plus remarqué que, ce même dimanche 25 mars, aux Asturies où l'on refaisait les élections afin de permettre à une majorité de se dégager, le PP a été cette fois devancé par le PSOE et par le parti régional de droite, son rival local.
Le PP subit, après quelques mois de gouvernement, les conséquences de sa politique contre les classes populaires, marquée par des coupes claires dans les budgets publics, les baisses de salaire et surtout la réforme du droit du travail, qui s'accompagne d'ores et déjà d'une aggravation du chômage et de la précarité. Mais ce mécontentement n'a pas contribué à redonner au PSOE son électorat passé. Bien des électeurs sont déçus et amers à cause de la politique antiouvrière de Zapatero, et de plus écoeurés par les affaires de corruption de notables socialistes, compromis pour certains dans les détournements d'argent public destiné aux travailleurs licenciés. Ceux-là se sont exprimés pour certains par l'abstention, et pour d'autres par un vote à gauche marquant une défiance vis-à-vis du PSOE. C'est en tout cas ce qu'exprime le résultat en hausse de Izquierda unida (la Gauche unie), qui rassemble des groupes issus du PC et des écologistes. Critiquant le PSOE sur sa gauche, Izquierda unida a gagné des voix et passe de six à douze députés en Andalousie. Cela devrait permettre au PSOE de conserver la tête du gouvernement andalou, grâce à des accords encore mal précisés.
Mais ce n'est pas ce camouflet électoral qui arrêtera le gouvernement Rajoy. Les élections passées, il a déjà annoncé qu'il veut accélérer les mesures destinées à payer la dette des banquiers et à permettre aux capitalistes de sauver leurs profits malgré la crise. La récente réforme du droit du travail rend les licenciements plus faciles et moins coûteux pour le patronat, elle permet de revoir les salaires à la baisse, le tout dans un contexte où le chômage ne cesse d'augmenter. Alors que les coupes budgétaires paralysent des services publics, Rajoy vient d'annoncer qu'il allait continuer : « Nous allons approuver des budgets très, très austères », a t-il prévenu.
Les travailleurs aussi commencent à manifester leur volonté de ne pas payer la crise. Des manifestations répondent ici et là aux attaques contre la santé et l'éducation. Deux manifestations à l'échelle nationale contre la réforme du droit du travail ont déjà réuni des millions de jeunes et de travailleurs. Jeudi 29 mars, les syndicats appellent à une journée nationale de grève, la première sous Rajoy. Si cette journée est largement suivie, elle peut permettre aux travailleurs de mesurer la force qu'ils représentent et les encourager à organiser une suite pour imposer leurs exigences.