Une brochure intitulée Code d'éthique de Michelin a été distribuée ces derniers mois à chacun pour définir « la politique du groupe en matière d'éthique des affaires et du comportement individuel ». Et pour être sûr d'être bien compris, Frantz Bléhaut, l'un des directeurs des usines en France, s'est fendu d'une lettre jointe au dernier bulletin de paye.

Il y écrit sans détour que la morale de Michelin consiste bien en un système de délation, où chacun a le devoir d'alerter la hiérarchie sur un « éventuel manquement au Code d'Éthique ». Il suffit de s'adresser à une officine privée, Safecall, qui se nomme elle-même « la compagnie de la dénonciation » et qui recevra les rapports et appels téléphoniques de ceux qui accepteraient d'être des mouchards, pour les transmettre ensuite à la direction de Michelin.

Michelin devrait commencer par balayer devant sa porte. Car qui, par exemple, évite depuis des années de déclarer tous les accidents du travail à la Sécurité sociale ? Qui ose dire que les différences de salaires entre hommes et femmes sont un problème qui existe peut-être chez les autres, mais pas chez Michelin ?