Hôtel-Dieu -- Paris : Le projet de fermeture, un exemple de la casse de l'hôpital public20/09/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/09/une2303.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hôtel-Dieu -- Paris : Le projet de fermeture, un exemple de la casse de l'hôpital public

Mercredi 12 septembre, la direction a fait une réunion sur l'avenir de l'Hôtel-Dieu. Devant 300 personnes, elle a tenté d'amadouer le monde en déclarant que l'hôpital ne fermait pas mais qu'il se transformait dans un projet ambitieux de rayonnement international, s'il vous plaît ! Mais ce boniment a tourné très vite court devant les réactions de colère de la salle.

L'Hôtel-Dieu deviendrait selon ce projet un « hôpital universitaire de santé publique » comprenant un centre de consultations sans rendez-vous de secteur 1, des écoles, le siège et le musée de l'Assistance Publique (AP).

Le sort des Urgences, des urgences médico-judiciaires et de l'unité de gardés à vue reste en suspens. Par contre, tous les services d'hospitalisation continueront à être transférés à Cochin. Quelqu'un a alors demandé ce qu'on fera avec les « bouletteux », ces patients amenés par les douanes, des boulettes de drogue dans le ventre : faudra-t-il leur donner un ticket de RER pour qu'ils aillent dans l'heure en Chirurgie à Cochin au cas où une boulette se déchire ?

L'argument de la direction est que l'Hôtel-Dieu n'est plus aux normes et qu'avec 250 lits ce n'est plus un hôpital de grande capacité. C'est normal puisqu'elle ferme des lits et déménage les services depuis des années. C'est d'ailleurs à chaque fois l'occasion de réduire le personnel ou le nombre de lits. Ainsi une salle vient de fermer en Médecine interne, sans même attendre le déménagement du service à Cochin, supprimant d'un coup 14 lits qui servaient pourtant de lits d'aval pour les malades sortant des Urgences, dont les capacités d'accueil se réduisent sans cesse. Le problème c'est que l'Hôtel-Dieu, c'est chaque année 35 000 patients aux Urgences et que les autres hôpitaux parisiens sont déjà surchargés.

En plus, les Urgences doivent fonctionner sans chirurgien de garde le soir et le week-end. La plupart des labos sont partis à Cochin et la Chirurgie partira à son tour en décembre. En une seule semaine on a annoncé la fermeture d'une salle en Médecine interne, une salle d'hospitalisation de semaine en Diabétologie et de l'hospitalisation de jour d'Oncologie. Mais la pénurie de personnel est telle que ceux qui restent sont poussés à aller travailler dans d'autres services, la charge de travail augmentant quand même, les repos sont souvent refusés.

Le journal l'Humanité écrivait le 13 septembre que, « face à l'entêtement de la direction, le personnel compte maintenant sur Marisol Touraine pour stopper le démantèlement de l'hôpital ». Mais il n'y a rien à attendre de ce gouvernement. Il demande toujours à l'AP de faire le plus d'économies possible car l'austérité retombe sur la santé publique comme sur tous les autres services publics.

Ce qui se passe à l'Hôtel-Dieu se passe dans tous les hôpitaux. En restructurant bout par bout et en poussant le personnel à trouver une place chacun dans son coin avant que son service ne ferme, la direction espère éviter les réactions collectives.

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