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Brésil : Après les élections municipales, succès pour le PT et ses alliés
Les élections municipales brésiliennes des 7 et 28 octobre ont été globalement une victoire pour le Parti des travailleurs (PT) et pour ses alliés au gouvernement.
Le signe le plus visible en est l'élection de Fernando Haddad (PT) à la mairie de Sao Paulo, capitale économique du pays, et la réélection dès le premier tour d'Eduardo Paes à la mairie de Rio, qui accueillera la Coupe du monde de football de 2014 et les Jeux olympiques de 2016. Paes appartient au PMDB, un parti de centre-droit qui détient le plus grand nombre de députés et de maires et qui est le principal partenaire du PT au gouvernement.
Le PT, à la tête du pays depuis dix ans, conserve donc sa popularité, malgré les affaires de corruption qui l'ont touché au fil des ans. Les figures majeures du parti, l'ex-président Lula et l'actuelle présidente Dilma Rousseff, sont soutenues par trois quarts des Brésiliens. Lula et Rousseff ont d'ailleurs joué un rôle décisif dans l'élection de Paes et de Haddad. Pour bien des ouvriers ou des petites gens, voter pour les candidats du PT et de ses alliés, c'était voter Lula.
Les huit ans de présidence de l'ancien métallo et dirigeant syndical sont en effet liés dans les esprits à une amélioration des conditions de vie populaires : créations d'emplois (le chômage est à 5 %), programmes d'aide aux familles pauvres, hausse du salaire minimum. La crise qui a frappé le pays en 2008, dans la foulée de la crise financière mondiale, a été passagère et le gouvernement peut se vanter d'avoir rétabli la prospérité. Jusqu'à présent les exportations de minerais et de matières premières agricoles (soja, sucre, boeuf, poulet) se maintiennent, malgré les fluctuations dues à la spéculation. Tandis que la richesse de la bourgeoisie a explosé, la situation des classes populaires s'est un peu améliorée.
Une des conséquences de cette popularité a été la division intervenue il y a un an au sein d'un des partis de l'opposition de droite, les Démocrates. Ce parti, qui compte entre autres des caciques issus de la dictature militaire de 1964-1984, a vu une partie de ses cadres (deux gouverneurs d'État, deux sénateurs, 48 députés fédéraux, 600 maires) scissionner pour créer le Parti social démocratique. À l'en croire, ce PSD n'était « ni de droite, ni de gauche, ni du centre » et se définissait par le fait qu'il « ne fermait aucune porte ». Il semble surtout vouloir pousser la porte du gouvernement, auquel est en train de se rallier son principal dirigeant, Gilberto Kassab, candidat malheureux de l'opposition de droite à la mairie de Sao Paulo... contre le PT.
Ces élections municipales, qui interviennent à mi-mandat du président, des gouverneurs, sénateurs et députés, serviront à sélectionner les candidats pour les élections de 2014. Elles vont aussi lancer, parmi les partis gouvernementaux, une lutte pour la redistribution des postes prestigieux et lucratifs au sein du ministère et de la haute administration. Car on se fait élire en parlant du bien public, et ensuite on remplit ses poches et celles de ses amis.