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- Lutte ouvrière n°2315
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Leur société
Audiovisuel public : Tout baisse, sauf la redevance
La CAP (contribution à l'audiovisuel public), nom de code de la redevance télévision, va augmenter. Actuellement fixée à 125 euros par an pour les habitants de la métropole et 80 pour ceux des Dom-Tom, cette taxe devrait croître de quatre euros, peut-être même de six. Les députés devaient en débattre le 13 décembre.
Une grande partie de la population est redevable de cette CAP, adossée depuis 2005 à la taxe d'habitation, ce qui génère des économies de collecte. Cette somme, non négligeable dans le budget de chaque famille, est affectée au budget de fonctionnement de France télévisions, le service public de l'audiovisuel.
Les 22 millions de téléspectateurs potentiels vont-ils pour autant accéder à des programmes de qualité supérieure ? Ce ne sera sans doute pas le cas. Les 50 millions d'euros de CAP collectés en plus ne compenseront pas la baisse prévue du budget audiovisuel public en 2013, d'environ 150 millions d'euros, baisse répartie entre celle de la subvention et celle des ressources publicitaires.
Quatre syndicats, la CFDT, le SNRT-CGT, FO et le SNJ (journalistes), ont d'ailleurs déposé un préavis de grève pour le 18 décembre, notamment pour protester contre les coupes budgétaires qui, on s'en doute, auront des conséquences aussi bien pour le personnel que pour les usagers de l'audiovisuel public.
Les syndicats dénoncent, dans leur appel aux quelque 10 000 salariés, des réorganisations-fusions de services et un plan de licenciements « qui pourrait dépasser 1 000 suppressions de postes techniques, administratifs et rédactionnels d'ici 2015 », ainsi que le renvoi de centaines de précaires, employés depuis des années. Ils dénoncent aussi des attaques salariales et un recul en termes de qualité des programmes, déjà sensible. À France 3, ont lieu des regroupements d'agences régionales, pour cause d'économies. Des éditions locales d'information sont supprimées. Un projet de « grand » Soir 3 à rallonge devrait permettre d'économiser une seconde émission ou un film. Plusieurs agences France 3 ont été fermées pendant les vacances de la Toussaint et devraient l'être pendant les fêtes de fin d'année. Une militante syndicale de Pau raconte que, sur le pôle Sud-Ouest (qui couvre un quart du pays), « il y a seulement une petite équipe de permanence qui réalise 1 minute 30 d'infos à intégrer dans le journal régional de Bordeaux, au lieu de l'édition locale habituelle de 7 minutes ».
La conséquence pour les téléspectateurs risque aussi de se concrétiser par de multiples et rentables rediffusions. Les créations, en théâtre ou en film, les documentaires de qualité, les émissions appréciées de vulgarisation scientifique et tout ce qui coûte un peu cher risque d'être réduit à la portion congrue. L'instrument de culture que peut être l'audiovisuel public fait lui aussi les frais des choix budgétaires du gouvernement, de son choix de préserver les profits privés au détriment des services publics utiles à tous.