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États-Unis – Obama et la NSA : Big Brother ne risque rien
Dans sa conférence de presse du vendredi 9 août, le président Obama a promis de limiter la surveillance de la population par les services secrets et de réformer le Patriot Act de 2001. Il tente de calmer le scandale déclenché par Edward Snowden, cet ancien salarié de l'Agence nationale de sécurité (NSA), qui a révélé l'ampleur des programmes d'écoutes américains dans le monde entier.
Obama a d'abord pris la défense de ces programmes d'espionnage. Il a affirmé que les Américains ordinaires n'étaient pas concernés et que la justice surveillait le dispositif : « Nous n'écoutons personne sans mandat et les mécanismes de contrôle sont là pour s'en assurer. » Le problème est que les gens n'en croient rien. Obama non plus d'ailleurs n'y croyait pas quand il signait au Sénat des projets de loi visant à démanteler les programmes d'écoutes de la NSA, au moins sur le territoire des États-Unis. Son élection à la présidence lui a fait oublier ses anciennes critiques. En cinq ans il n'a rien fait en ce sens et l'espionnage n'a pas cessé.
Aujourd'hui Obama propose de nommer auprès de la NSA et des officines d'espionnage quelques fonctionnaires « chargés du respect de la vie privée », de commander des rapports sur elles à des experts extérieurs et enfin de modifier quelques chapitres du Patriot Act.
Cette loi de plus de 300 pages, adoptée au pas de course et à peu près sans discussion à la suite des attentats du 11 septembre 2001, donne toute liberté aux services de police pour espionner et réprimer non seulement les étrangers mais aussi tous les citoyens américains. Plus besoin de mandat pour ouvrir le courrier, écouter les conversations téléphoniques, accéder à tous les fichiers bancaires, scolaires, médicaux, professionnels ou autres ; plus besoin d'inculpation, ni même d'un lien quelconque avec le terrorisme, pour une arrestation ; les procès, quand il y en a, se déroulent devant des tribunaux militaires, sans défenseur civil, sans obligation de présenter les preuves à charge ; ces procès sont secrets et leurs condamnations sans appel.
Ces mesures, qui prétendent lutter contre le terrorisme, ont en douze ans considérablement restreint les libertés démocratiques aux États-Unis. Elles ont été en particulier bien utiles aux patrons pour casser toute résistance et pour imposer aux travailleurs de multiples sacrifices, au nom de l'unité nationale et de la sécurité.
Obama dit qu'il va tenter d'atténuer cet arbitraire scandaleux. Mais qui peut croire qu'il va faire aujourd'hui ce qu'il n'a pas fait en cinq ans à la présidence ? La prison de Guantanamo, qu'il avait promis de fermer lors de sa campagne électorale, fonctionne toujours. Tout ce qu'il veut aujourd'hui, c'est endormir par de bonnes paroles une partie de ses électeurs libéraux, et non limiter la toute-puissance des services secrets. D'ailleurs, le voudrait-il, qu'il en serait bien incapable.