La grève a été un succès et de nombreux services ont été désorganisés. Car si, comme à son habitude, la direction avait multiplié les réquisitions dans les services de soins, elle ne l'a pas fait dans les autres. Du coup la cantine, la blanchisserie, la crèche, qui accueille de nombreux enfants du personnel, étaient fermées, la pharmacie totalement désorganisée et de nombreux services annexes paralysés totalement ou très fortement.

Cette grève était la suite d'une première sur le même sujet, le 7 novembre, et d'un rassemblement. Si elle a été si bien suivie, c'est que le personnel s'est vraiment senti agressé par les mesures annoncées pour mettre en oeuvre le fameux « plan de retour à l'équilibre ».

Les mesures annoncées visent d'abord à voler dix jours de congés au personnel sur les 28 qui existent aujourd'hui dans les services de soins, et les 23 dans les autres services, qui compensent le passage aux 35 heures. Pour faire passer ce vol, la direction propose de réduire de façon fictive l'horaire journalier d'un quart d'heure. Dans les services de soins, le temps de passage de consigne d'une équipe de soins à l'autre serait quasiment réduit à rien et, pour tous, services techniques et administratifs inclus, le travail à faire resterait exactement le même.

Mais ce n'est pas tout. En réalité, la direction veut voler cinq jours de repos compensatoires supplémentaires, en se réservant de pouvoir les imposer sans préavis à sa guise, selon les besoins du service. Par exemple, la veille pour le lendemain, l'on pourrait dire à l'employé : demain tu restes chez toi, « en congé ». Cela revient à augmenter sensiblement le temps de travail... sans être payé, entraînant, inéluctablement, les suppressions d'emplois correspondants, comme cela en est le but.

À cela s'ajoute la volonté d'instaurer, partout où c'est possible, la flexibilité à outrance. Ainsi dans les services annexes, cantine, blanchisserie et autres, la direction voudrait instaurer un temps de travail avec des coupures, en renvoyant une partie de la journée le personnel chez lui, et en lui demandant de revenir plus tard, selon ses volontés, ce qui pourrait aboutir à des amplitudes de plus de 12 heures par jour.

Le directeur, arrogant et un peu trop sûr de lui, avait organisé une réunion d'information en direction du personnel pour annoncer « les bonnes nouvelles ». Mal lui en a pris. C'est à 500 que la salle prévue a été envahie par le personnel, qui l'a hué copieusement et qui a eu largement l'occasion de lui dire son fait. En dehors de la mise en cause personnelle de son salaire (comparé à ceux du personnel) et des primes qu'il touche pour faire son sale boulot, beaucoup sont intervenus, applaudis chaleureusement par tous les autres, pour affirmer qu'en aucun cas le personnel n'accepterait ses combines. Comme seule parade, le directeur a réclamé de mener les discussions avec les seuls représentants syndicaux qualifiés, et surtout pas avec le personnel...

En tous les cas, le succès de cette journée de grève et de manifestation ne peut qu'être un encouragement à continuer la mobilisation, dans l'intérêt du personnel, bien sûr, mais aussi dans l'intérêt des malades.