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- Lutte ouvrière n°2372
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Rapport de la Cour des comptes : Aux ordres du gouvernement et du patronat
Au cours de son audience de rentrée jeudi 9 janvier, par la voix de son premier président Didier Migaud, la Cour des comptes a salué ce qu'il a appelé « les efforts budgétaires du gouvernement ». Mais il a également souligné que des marges importantes d'économies existaient encore, notamment concernant les dépenses de santé.
Il s'est ainsi félicité de l'engagement de François Hollande de réaliser 50 milliards d'économies d'ici à 2017. « Le premier réflexe pourrait être de considérer que c'est irréaliste et inaccessible », a-t-il dit, mais en ajoutant que la Cour ne le pensait pas, que des marges existaient et qu'elles étaient importantes. Il a précisé sa pensée en indiquant que l'effort devait « porter en absolue priorité sur les régimes de Sécurité sociale », dont le déficit a été de plus de 16 milliards d'euros en 2013 et de 13 milliards en 2014, même avec l'augmentation des cotisations retraite. Une manière d'appuyer les récentes déclarations du président Hollande qui, lors de ses voeux télévisés du 31 décembre, avait déclaré que la Sécurité sociale devait « en terminer avec les excès et les abus ».
Ce n'est certes pas la première fois que la Cour des comptes, dont la mission officielle serait de rendre compte aux citoyens de l'emploi de l'argent public, prend très ouvertement position pour l'austérité budgétaire en pointant ce qu'elle appelle les abus dans les services publics. Ainsi en mai 2013, la Cour des comptes indiquait qu'il y avait trop d'enseignants. En octobre 2013, elle dénonçait les dépenses de fonctionnement des collectivités locales en disant qu'il y avait trop de congés et trop d'employés. Elle s'est aussi fait remarquer au cours de l'an dernier par la publication de plusieurs rapports, l'un dénonçant les privilèges des salariés d'EDF, un autre proposant de diminuer les allocations chômage, sous prétexte qu'il y avait de moins en moins de cotisants.
Pourtant, la même Cour des comptes a su souligner dans le passé, que les exonérations de charges patronales de Sécurité sociale étaient d'un montant bien supérieur au déficit enregistré annuellement. Elle notait même en 2006 que ces exonérations étaient « venues conforter les marges des entreprises ». L'année suivante, elle indiquait que le manque à gagner pour la Sécurité sociale dû aux multiples exonérations, abattements, déductions et réductions appliquées aux cotisations sociales et aux impôts s'élevait à 26 milliards d'euros.
La Cour des comptes oublie tout cela au moment où elle se fait le chantre de l'austérité. Elle pointe particulièrement ce qu'elle appelle des abus dans les services utiles à la population, en oubliant les exonérations en tout genre dont bénéficie le patronat. C'est participer pleinement à la propagande tendant à faire accepter des sacrifices aux couches populaires pour mieux en exonérer les possédants.