Bien des petites et moyennes entreprises se plaignent d'avoir du mal à emprunter, parce que les banques leur refusent des prêts ou leur imposent des taux beaucoup plus élevés qu'aux grandes entreprises. Pour tenter de résoudre ce problème, la Commission européenne recommande de « titriser » les prêts aux PME, c'est-à-dire de transformer ces créances, dues au départ à la banque qui les a consenties, en « titres ». Elles deviendraient ainsi des produits financiers librement négociables et circulant sur les marchés.

C'est déjà ce que les banques nord-américaines avaient fait avec les prêts immobiliers, dont les titres « subprimes » avaient fait pendant quelques années l'objet d'une intense spéculation, avant de s'effondrer en 2007, déclenchant une crise bancaire et une véritable catastrophe à l'échelle internationale.

Tout en faisant valoir que cette titrisation faciliterait l'accès des PME aux marchés des capitaux, les autorités européennes prétendent éviter tout risque de dérapage. Michel Barnier, commissaire aux Services financiers, plaide ainsi pour une « bonne » titrisation, encadrée, transparente. « On ne va pas recommencer les histoires de subprimes, dit-il, on est averti là-dessus. »

Comment le croire ? On nous a répété pendant des décennies que la crise catastrophique de 1929 avait assagi les financiers et qu'ils ne prendraient plus jamais de risques graves. Les spéculateurs sont prodigues des « plus jamais ça ». Mais à la première occasion ils y retournent, comme l'ivrogne à sa bouteille.