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Leur société
Une journée sans tabac... et 364 pour les lobbies
La journée mondiale sans tabac, le 31 mai, a remis à la une de l'actualité le lobbying intense des industriels de ce secteur. Par différents moyens, invitations à des voyages, à des compétitions sportives recherchées comme Roland-Garros, dans des grands restaurants, ils gardent le contact avec des personnalités prêtes à plaider leur cause. Ils s'investissent dans le mécénat, dont l'intérêt fiscal n'est pas négligeable mais qui leur permet surtout de côtoyer des hommes de pouvoir. Interrogé par le journal L'Humanité, Yves Martinet, pneumologue et président du Comité national contre le tabagisme, cite ainsi le président de Philip Morris, membre fondateur de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), qui a pu, dans ce cadre, côtoyer un conseiller santé de Hollande.
Ces grandes sociétés ont aussi des méthodes plus directes : elles rédigent carrément des amendements favorables à leurs intérêts, que les élus n'ont plus qu'à signer. Leurs émissaires n'ignorent rien de ceux qu'ils doivent approcher : en 2012 et 2013, la presse avait ainsi révélé le fichage par Philip Morris des députés au Parlement européen, dont 74 Français, pour tenter de faire reporter l'examen d'un texte hostile à l'industrie du tabac.
Mais leur meilleur allié est tout de même l'État lui-même, sa fiscalité si complaisante envers les multinationales et son intérêt propre à taxer les fumeurs. Cela limite son ardeur à s'attaquer aux trusts du tabac qui cause pourtant 73 000 décès prématurés par an en France, selon la Haute autorité de santé. Cela renforce aussi l'aspect dérisoire de cette « journée sans tabac ».