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- Lutte ouvrière n°2397
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Leur société
Pénibilité au travail : Il faut la supprimer !
Les palabres ont alors débuté. Elles ont duré des années pour aboutir en 2010 à une mesure qui accorde le droit automatique à une retraite à taux plein à 60 ans aux seuls travailleurs esquintés, présentant une incapacité de travail d'au moins 20 %. Pour les autres, il leur faut apporter la preuve qu'ils ont été exposés pendant au moins 17 ans à des facteurs de pénibilité. C'est à eux de démontrer qu'ils sont cassés par le travail et, sinon, de continuer à travailler jusqu'à être totalement usés.
Puis les palabres ont repris, accouchant de la notion de « compte-pénibilité ». En fonction du temps passé à des travaux pénibles, les salariés engrangeraient des « points-pénibilité » donnant droit à des trimestres supplémentaires de cotisation et à un départ en retraite complète un peu plus tôt. Voilà ce qui a fourni une fois de plus à la CFDT l'alibi pour signer la réforme des retraites de 2013 portant à 43 ans la durée de cotisation pour le droit à une retraite complète.
Alors que le compte-pénibilité devait être initialement financé par les patrons, il a suffi que ceux-ci renâclent pour que le gouvernement les en dispense. De même qu'il a suffi qu'ils tapent du pied pour que ce même gouvernement dit socialiste repousse la date éventuelle d'application de 2015 à 2016 et que sur les dix facteurs de risque initialement listés, quatre seulement soient finalement pris en compte et retenus.
Les patrons sont satisfaits. Tels ceux de la FFB, la fédération française du bâtiment du Loiret qui envoie ce courrier à ses adhérents : « Vous étiez nombreux à faire part de votre forte exaspération face à un dispositif coûteux, complexe et destructeur d'emplois. Aujourd'hui, nous avons le plaisir de vous informer que nous avons été entendus ! » Et de conclure : « La FFB ne baissera pas la garde et cherchera tous les moyens pour sécuriser les entreprises ! »
Les discussions autour du tapis vert sur la prise en compte de la pénibilité au travail ne sont qu'une vaste mystification destinée à faire passer la pilule des attaques contre la retraite. Le gouvernement Valls l'a avoué lui-même, en repoussant l'application des mesures dès que le patronat a donné de la voix. Si cela met en difficultés les dirigeants de la CFDT, ils n'ont à s'en prendre qu'à eux-mêmes.
Quant à la pénibilité, elle n'a plus lieu d'être. Les moyens de la prévenir existent et il faut contraindre les patrons à les appliquer. Ce n'est pas une question de discussion mais de rapport de force. Tout comme c'est par le rapport de force qu'il faudra imposer le retour au droit à la retraite à 60 ans pour tous au bout de 37,5 années de cotisation. Ce serait un minimum et ce serait parfaitement possible, contrairement à toutes les plaintes que le gouvernement et les patrons font entendre.