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Taxation des transactions financières : Les banquiers peuvent dormir tranquilles
Dans un projet, rendu public en septembre 2011, la Commission européenne proposait de taxer toutes les transactions financières à 0,1 % quand elles portent sur les actions et sur les obligations, et à 0,01 % sur des produits dérivés, les plus spéculatifs. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'à ce niveau de prélèvement, la taxe ne risquait pas de décourager les spéculateurs, ni de vraiment renflouer les caisses des États que la crise, provoquée par lesdits spéculateurs, avait contribué à vider.
Mais apparemment, pour les banquiers et pour les gouvernements qui se sont faits les défenseurs zélés de leurs intérêts, c'était encore trop. « Dans un premier temps », a expliqué Wolfgang Schaüble, ministre allemand des Finances, « nous ne pourrons instaurer qu'une taxation limitée aux actions et à quelques dérivés d'actions ». Exit donc du champ de la taxe les obligations et la plupart des produits dérivés. Autrement dit l'essentiel.
Pour ses promoteurs, la taxe sur les transactions financières visait pourtant plus particulièrement les produits dérivés. Et pour cause. Ils sont, explique un banquier cité par le journal Les Échos, « devenus le symbole de la finance artificielle pouvant engendrer un risque systémique », véritables « armes de destruction massive » des marchés financiers et des économies du monde.
Mais s'ils sont les plus dangereux, ils sont aussi les produits financiers les plus appréciés des spéculateurs. Ils concentrent aujourd'hui dans le monde près de 700 000 milliards de dollars d'investissements. Et, ceci expliquant cela, ils sont aussi ceux qui rapportent le plus aux banques qui en font commerce. Si l'on en croit la presse, « taxer le gigantesque marché des dérivés est, pour la communauté financière, le cauchemar qu'il faut à tout prix éviter ». De ce point de vue, c'est réussi.
La presse souligne le rôle particulier joué notamment par les gouvernements français, et plus particulièrement par les ministres des Finances des gouvernements de Hollande, pour atténuer la portée de la taxe et pour en exclure les produits dérivés. Le fait que les grandes banques françaises, avec en tête BNP-Paribas, soient parmi celles qui en tirent une grande partie de leurs profits, suffit à expliquer cette attitude. Avec Sapin comme avant lui avec Moscovici, ces banquiers peuvent dormir tranquilles et continuer à jouer avec le feu et avec la peau des peuples. D'autant que les ministres des Finances européens ont décidé que la taxe en question, dont le principe avait été décidé en 2011 par Sarkozy et Merkel, ne verrait de toutes façons pas le jour avant... 2016, si ce n'est jamais.