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Dans le monde
La sordide Mafia romaine
« Mafia capitale » : c'est le nom donné désormais au scandale qui a éclaté à Rome, en particulier autour des financements et des marchés publics de la municipalité. Un certain nombre de responsables les distribuaient, en enrichissant leurs amis et bien sûr en s'enrichissant au passage.
De tels procédés ne sont certes pas pour surprendre en Italie, mais jusqu'à présent, dans la capitale, les faits de corruption étaient restés relativement discrets. Cela ne fait que souligner l'ampleur du phénomène, car c'est bien une véritable mafia qui régnait sur Rome depuis des années, entourée d'un silence complice. Elle avait aussi, comme il se doit, développé des liens de collaboration avec les mafias plus connues régnant sur d'autres régions, notamment la N'drangheta calabraise.
On apprend par la même occasion que ces délinquants des marchés publics étaient aussi bien souvent des délinquants tout court, issus de la tristement célèbre « bande de la Magliana ». Cette bande criminelle, qui doit son nom à un quartier de Rome, s'est fait connaître dans la capitale dans les années 1970 par ses attaques à main armée, ses extorsions et ses assassinats. Elle était aussi connue pour ses liens avec l'extrême droite, qui lui valaient des complicités haut placées, tant et si bien qu'un certain nombre d'affaires qui lui sont attribuées n'ont jamais été éclaircies.
Mais, comme il arrive toujours un âge où un truand doit se reconvertir, des hommes de « la Magliana », après quelques années de prison, sont revenus faire carrière auprès des services de la municipalité. Cela a été le cas notamment lorsque la mairie est revenue à Gianni Alemanno, militant du parti néo-fasciste reconverti en parti respectable, avide d'occuper des postes et d'en faire profiter ses amis, qui semble-t-il le lui rendaient bien.
Comble du sordide, on assiste depuis quelques semaines dans certains quartiers à des manifestations prenant pour cible des foyers d'accueil pour immigrés. Des militants d'extrême droite n'hésitent pas à attiser les flammes de la xénophobie et du racisme au sein de la population de quartiers déshérités, à Rome mais aussi à Milan, en la dressant contre les immigrés, accusés de bénéficier d'aides auxquelles elle n'aurait pas droit. La télévision a montré le même Gianni Alemanno, qui n'est plus maire de Rome mais toujours d'extrême droite, participant à une de ces manifestations. C'était seulement quelques jours avant que l'on n'apprenne que les hommes de Mafia capitale, qu'il a contribué à placer auprès de la municipalité, s'enrichissaient justement... avec les fonds destinés à financer les foyers d'immigrés. Au moins la moitié en était détournée vers les poches des amis d'Alemanno !
Quoi de mieux, lorsqu'on détourne soi-même des millions d'euros des finances publiques, que de dévier les regards sur des malheureux qui ont dû fuir leur pays et que l'on aide tout au plus à ne pas mourir de faim ?